En manque de haut débit, ils montent leur propre opérateur
Des habitants de l’Yonne se sont unis pour créer un meilleur réseau Internet et pallier le manque d’investissement d’Orange, Free, Bouygues et SFR.
Quand les habitants prennent les choses en main. A Vareilles, petite commune de 245 habitants dans l’Yonne, le manque de débit se faire ressentir comme dans beaucoup de territoires ruraux. D’après Berdard Romieux, ancien maire et actuel premier adjoint de la commune “Ici,dans certains hameaux, le débit atteint difficilement 500 Ko. Pour les grands opérateurs, nous ne sommes pas une priorité ” déplore-t-il. Dans ces conditions, regarder un replay est une galère et ne parlons même pas de visioconférence pour le télétravail par exemple.
“Pour nous, c’est un chantier prioritaire si l’on veut attirer des familles. Quand les gens visitent une maison à vendre, ils ont souvent le réflexe de sortir leur téléphone. La mauvaise qualité du réseau a un effet dissuasif », explique l’ex-maire qui a vu débarquer pas mal de télétravailleurs au cours de l’année. Plutôt que d’attendre que les opérateurs prennent les choses en mains, les élus de la commune ont trouvé la solution dans une petite commune à 30 km de là.
Ils se sont ainsi tournés vers la Société coopérative d’aménagement numérique icaunaise (Scani). Cette petite société a créé de toutes pièces ou presque son réseau, fonctionnant grâce aux ondes radio, répercutées d’antennes en antennes. Bruno Spiquel, principal animateur de Scani explique simplement : “On prend de l’Internet là ou il fonctionne pour l’amener là ou il n’y en a pas“. Ces antennes peuvent être installées sur tout type de bâtiment pourvu qu’il présente une hauteur suffisante : pylônes, silos à grains, chateaux d’eau ou clochers d’églises…
“Parfois l’installation est très rapide, parfois il faut compter plusieurs heures” explique l’antenniste attitré assurant la présidence de la coopérative. Il est d’ailleurs l’unique salarié à temps plein de Scani et est chargé de la mise en route des connexions, avec quatre ou cinq installations par semaine ainsi qu’à l’entretien du réseau. Un opérateur artisanal, dans des locaux ou se mêlent ordinateurs en en cours de configuration et cartons à pizza.
Un opérateur collaboratif
Cet aspect “fait maison” n’a pas rebuté les abonnés, puisque ce FAI compte 825 sociétaires dont 557 particuliers mais aussi des collectivités ou des entreprises. D’ailleurs ces abonnés sont bien plus que cela : il s’agit de sociétaires ayant investi au minimum 10€ dans la coopérative. “Ils sont copropriétaires du réseau et encouragés à en être acteurs, en fonction de leurs possibilités”, indique Bruno Spiquel. Ces actions bénévoles permettent de proposer un abonnement à 30€/mois sans délaisser la maintenance du réseau.
Parmi ces sociétaires/abonnés, une dizaine sont très actifs et au total, une trentaine de membres sont “réellement impliqués” dans l’entretien et le développement du réseau. Et la coopérative n’entend pas en rester là : elle a en effet le projet de déployer son propre réseau fibre, avec le soutien de la municipalité. De quoi compléter son réseau radio dans les zones blanches encore présentes dans le département de l’Yonne.
Source : Le Monde