Bouygues Telecom accusé d’espionner ses abonnés, une association de consommateurs saisit la CNIL
L’association eWatchers, axée autour de la protection des internautes et de la sécurité de la vie privée dépose une plainte contre Bouygues Telecom, l’accusant d’envoyer des “pixels espions” à ses abonnés.
Les mails de Bouygues Telecom n’étaient pas utilisés que pour informer les abonnés. eWatchers, spécialisé dans la protection, affirme que les mails envoyés par Bouygues Telecom à ses clients fixe et mobile contenaient des “pixels espions“.
Concrètement, les courriels de l’opérateurs contenaient ainsi des images invisibles se chargeant lorsque les destinataires les ouvrent. Un moyen pour l’opérateur d'”étudier le comportement de ses abonnés” d’après l’association. Certains peuvent être utilisés uniquement en interne par Bouygues Telecom, ce que eWatchers condamne, mais d’autres sont utilisés par des tiers.
Ainsi, Bouygues Telecom utilise un pixel appartenant à Google Analytics, la solution de mesure d’audience de Google et un pixel appartenant à Weborama, une société spécialisée dans la collecte de données marketing et la diffusion de campagnes publicitaires en ligne.
“L’opacité des pratiques de ces entreprises et le peu d’informations communiquées par Bouygues Telecom rendent difficile le décryptage des pratiques de l’opérateur. Les deux solutions Google Analytics et Weborama sont cependant connues pour collecter des données à caractère personnel sur les internautes, les recouper avec des données de sources différentes, et les utiliser à des fins de publicité ciblée” explique l’association.
Une analyse de ces emails indiquent également que l’opérateur n’a pas activé une option qui doit permettre d’anonymiser les adresses IP collectées par Google Analytics, ainsi que l’option permettant de ne pas utiliser les données pour la publicité ciblée.
Pour ce qui est de Weborama, l’analyse des e-mails de Bouygues Telecom a révélé que l’opérateur transmet à Weborama l’adresse e-mail de l’abonné, même si celle-ci est préalablement chiffrée.
Cinq demandes auprès de la CNIL
“Il n’est pas moralement acceptable d’espionner les faits et gestes d’un internaute, que ce soit un client ou non, mais sur ce point, rien ne peut les obliger à cesser, à part leur éthique. Leurs pratiques récentes, notamment en termes d’augmentation imposée des prix sous prétexte de l’ajout d’une quelconque option, nous ont montré cependant que la morale n’est pas leur point fort” martelle eWatchers.
L’association a ainsi déposé une plainte auprès de la CNIL, avec quatre demandes précises. Il est ainsi attendu que le telco retire les pixels espions des emails envoyés à ses abonnés, notamment ceux permettant de collecter des données personnelles sans leur consentement, mais aussi que celui ci informe ses abonnés que leurs données ont été collectées et “ont pu être, ou ont été, utilisées à des fins de publicité personnalisée“.
L’association demande également la suppression des données obtenues sans le consentement des abonnés, y compris pour les sociétés tierces ayant obtenu ces données. En plus de cela, eWatchers demande également un dédommagement de ses abonnés “car l’opérateur a permis à des sociétés tierces de les profiler et d’en tirer profit en leur proposant des publicités ciblées.”