Plan social déguisé pour mieux faire passer la pilule, recours au chômage partiel quand les voyants apparaissent au vert et soupçons d’infractions à la législation du travail, le Canard Enchaîné voit rouge.
Plus c’est gros, mieux ça passe. Sauf pour le Canard Enchaîné qui a décidé de voler dans les plumes de l’opérateur SFR. Au travers un article agrémenté de coups de bec, le journal satirique tire à boulets rouges.
Le palmipède commence par dénoncer un plan social concernant 1 700 emplois encapsulé dans un plan d’orientation “Transformation et ambitions 2025” pour mieux faire passer la pilule. Un projet invalidé le 18 juin par le tribunal judiciaire de Nanterre au motif d’un manque d’information et de consultation des salariés, avant que l’inspection du travail n’intervienne 10 jours plus tard en indiquant que “le juge judiciaire ne peut empiéter sur les prérogatives du juge administratif”.
Rappelant que cette réduction des effectifs n’est pas une première depuis le rachat de l’opérateur à Vivendi par Patrick Drahi en 2014, le Canard Enchaîné note par ailleurs le fait que le groupe a activé le dispositif de chômage partiel mis en place durant la crise sanitaire et conditionné par la préservation des emplois, tout en réalisant des bénéfices. Le journal satirique rappelle d’ailleurs les mots prononcés en mars 2020 par Bruno Le Maire : “L’État sera avec les entreprises, avec les salariés, et nous garantirons le chômage partiel le temps nécessaire”. Celui-ci avait insisté sur le fait qu’“il ne doit pas y avoir de licenciements”.
Représentant 90 % du personnel, les syndicats CFDT, CFTC et Ensemble ont bien tenté d’alerter le cabinet du ministre de l’Économie, en vain. Pas mieux avec celui de la ministre du Travail, Élisabeth Borne.
Le Canard Enchaîné invite d’ailleurs les deux ministres et le gouvernement à s’intéresser davantage à une enquête autour de soupçons d’irrégularités et d’infractions à la législation du travail, illustrant selon lui d’“autres performances du groupe”. Dans les Pyrénées-Atlantiques, SFR a remporté un marché à 466 millions lors d’un appel d’offres pour déployer la fibre. “Selon les enquêteurs, la société a fait appel à des prestataires portugais qui n’ont pas déclaré leurs activités en France et ont recruté des salariés clandestins brésiliens. Ce qui constitue une fraude au travail détaché au sein de l’Union européenne”, explique le palmipède.
Source : Le Canard Enchaîné n°5256 (version papier)
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