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Fibre optique : promesses, ambitions, couacs et solutions pour bien couvrir tous les Français, on vous dit tout

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Le chemin vers une France connectée à la fibre s’annonçait comme un chantier coûteux, mais pas seulement. D’autres embûches attendaient le gouvernement et les opérateurs. Il a donc fallu trouver des solutions adaptées.

La fibre optique, c’est la promesse de débits élevés et d’une latence réduite pour permettre le développement du télétravail, de la formation à distance, de l’administration en ligne, de la télémédecine ou des plates-formes de contenus, à l’heure du numérique, mais aussi pour assurer la compétitivité des entreprises, dans une économie mondialisée. Ça, c’est la promesse sur le papier. Dans les faits, c’est un peu plus compliqué.

L’ambition : un très haut débit pour tous, un pays à l’heure du numérique

Tout a commencé avec le plan très haut débit (THD). Adopté le 28 février 2013 par le gouvernement, il visait à apporter le très haut débit, à savoir au moins de 30 Mbit/s, pour tous les Français, qu’ils habitent dans les grandes métropoles densément peuplées ou dans les zones rurales. Il s’agissait d’en faire un service universel au même titre que l’eau et l’électricité, et d’en finir avec la fracture numérique.

Le seuil des 100 % est prévu d’ici fin 2022 grâce à un mix technologique incluant la fibre optique, le satellite et le THD radio, avec une proportion de 80 % qui devra passer par la fibre optique. Le gouvernement prévoit le 100 % via la fibre optique à l’horizon 2025. Au sujet des 100 %, Stéphane Richard, le patron d’Orange, estimait d’ailleurs que “ça n’arrivera jamais”. En face, Cédric O, secrétaire d’État au numérique, avait rétorqué avec ironie qu“on ne tirera pas la fibre jusqu’au dernier éperon rocheux”. Sous-entendu, on fera au mieux avec la réalité du terrain.

Une filière cravachant contre vents et marées

De son côté, la filière fibre optique a donc mis les bouchées doubles pour être au rendez-vous, malgré les enveloppes budgétaires régulièrement jugées insuffisantes et les imprévus comme la crise sanitaire du Covid-19. Sans oublier les dégradations, involontaires, mais aussi dues pour certaines à des actes de sabotage.

Sur fond de Covid-19, le nombre de nouvelles prises fibres optiques déployées a atteint les 5,8 millions en 2020, contre 4,9 millions en 2019. Preuve que les opérateurs n’ont pas baissé la garde et qu’ils ont au contraire gardé le pied sur l’accélérateur, avec toujours en ligne de mire le cap des 100 % fibre optique pour 2025. Ils ont même pulvérisé le record d’investissements dans les réseaux l’année dernière. Hors élément exceptionnel que sont les 2,8 milliards pour les fréquences de la 5G, 11,5 milliards ont été injectés dans les réseaux, soit 860 millions de plus par rapport à 2019. Au 30 décembre 2020, 24,2 millions de locaux étaient ainsi éligibles à la fibre et on comptait 10,4 millions d’abonnements à cette technologie, soit 3,3 millions de plus en un an. L’appétit côté utilisateurs est palpable.

Des couacs à faire bondir consommateurs, régulateur et  gouvernement

Mais c’était sans compter les quelques couacs dans le déploiement même de la fibre optique, en particulier sur les derniers mètres jusqu’aux abonnés, avec un taux d’échec de raccordement élevé. Ayant fait de ce chantier sa priorité et mis la pression sur Orange, Free, Bouygues et SFR, Laure de la Raudière, la nouvelle présidence de l’Arcep, a en effet récemment déploré les 20 à 30 % d’échecs des raccordement lors d’une récente intervention dans Good Morning Business. La situation avait déjà fait bondir son prédécesseur Sébastien Soriano, qui avait en effet pointé du doigt certains sous-traitants travaillant “comme des cochons”, parlé de “travail de sagouin” et invité la filière à “faire la police”. Il promettait notamment le déréférencement des brebis galeuses.

En cause, les plats de nouilles, ces câblages sauvages au niveau des armoires de rue mis sur le compte d’un manque de main-d’œuvre, du manque de formation, de la cadence élevé et de sous-traitants pour certains peu scrupuleux. Nicolas Guérin, alors président de la Fédération Française des Télécoms, avait d’ailleurs tenté de tempérer en soulignant qu’il y avait “beaucoup de pression sur les opérateurs et leurs sous-traitants pour raccorder tout le monde” et que le secteur avait “des problèmes indéniables pour trouver des techniciens, car les écoles ne sont pas remplies”.

Mais la situation avait également faire réagir le gouvernement. Cédric O, secrétaire d’État au numérique, avait déploré un gâchis au regard du travail accompli. Même l’association 60 millions de consommateurs était montée au créneau pour dénoncer “un grand bazar” dû à un objectif quantitatif imposé aux opérateurs, sans standard de qualité.

Si les premières plaintes des consommateurs ne remontent pas à aujourd’hui, la situation de crise sanitaire a en effet mis en lumière la nécessité d’avoir une bonne connexion Internet, que ce soit pour travailler, se former, s’informer, communiquer et se divertir. D’où une exigence plus élevée et une augmentation des plaintes en 2020.

Bible, PMZ du futur, surveillance accrue et opération “DéSTOCage” pour en finir

Se retrouvant dans le viseur du gouvernement, du régulateur des télécoms et des associations de consommateurs, les opérateurs ont dû trouver des solutions. Surtout avec comme paramètre une fermeture du réseau cuivre prévue à l’horizon 2030. Oui, un paramètre en plus dans l’équation.

Après les paroles, place aux solutions concrètes. La filière fibre optique a ainsi conçu un guide opérationnel visant “à garantir une installation de qualité” du premier coup chez les foyers français. Annoncée dans une version papier et numérique, cette sorte de bible du technicien fibre optique distille “de bonnes pratiques et des conseils pour une montée en compétence de la filière”. Prenant comme exemples “des solutions concrètes répondant aux divers cas de figure rencontrés sur le terrain par les techniciens et permettant d’éviter les complications et surcoûts qui peuvent impacter les relations entre les acteurs impliqués”, le document de 144 pages insiste sur la nécessité de “bien faire dès la première fois”.

Sur le terrain, on peut également citer les points de mutualisation du futur testés par SFR FTTH, désormais nommée Xp Fibre depuis la fusion avec Covage. La partie gauche concernant les opérateurs commerciaux est précâblée à la partie droite concernant l’opérateur d’infrastructure pour simplifier les interventions. En parallèle, un audit permet de vérifier le bon câblage et l’envoi de la facture à l’opérateur commercial dans le cas d’une connexion restant non conforme. “Dans les villes concernées, le taux d’incident a été divisé par deux ou trois”, a souligné Jean-Claude Brier, délégué régional d’Altice France.

Il y a également l’expérimentation d’Orange sur la commune de Saint-Ouen-sur-Seine, en Seine-Saint-Denis, avec des photos permettant d’avoir la situation avant et après l’intervention du technicien. “Nous espérons qu’en facturant la remise en état des armoires endommagées à chaque opérateur en étant responsable, ceux-ci seront incités à améliorer la qualité de leurs interventions”, explique Patrice Cointe, directeur de l’unité d’intervention d’Orange Île-de-France. Pour cette expérimentation, l’opérateur historique a signé une convention avec la municipalité. À cela s’ajoute un dispositif de serrure connectée avec un déverrouillage grâce au NFC. Concrètement, le technicien effectuant une intervention sur une armoire de rue doit avoir un smartphone compatible NFC et une application adéquate installée dessus. Il ne lui reste qu’à approcher son mobile en étant connecté au sein de l’application pour accéder à l’intérieur de l’équipement. Un bon moyen de savoir qui a accédé à l’équipement et quand. Dans le cas d’une ouverture forcée, un détecteur d’ouverture de portes permet de donner l’alerte rapidement.

À leur niveau, certaines municipalités tentent de prendre les choses en main. Rolin Cranoly, le maire de Gagny, en Seine-Saint-Denis, a par exemple pris un arrêté obligeant à signaler à la mairie toute intervention au niveau des armoires fibre optique de la commune. Un formulaire en ligne est disponible en ligne. Les intervenants disposent aussi d’un numéro de téléphone et d’une adresse e-mail dédiée. “En cas de non-respect de cette obligation, les opérateurs pourront être punis d’une amende”, indique la mairie.

Le syndicat d’un RIP, à savoir un réseau fibre optique financé sur fonds publiques, a même évoqué l’idée d’une opération “Dé-STOC-age”. Faisant ici l’objet d’un jeu de mots, le mode STOC (Sous Traitance Opérateur Commercial) consiste pour rappel à laisser la partie finale du raccordement à l’opérateur commercial et par extension à ses sous-traitants. Pour le syndicat mixte Doubs Très Haut Débit, il n’en est plus question. Celui-ci souhaite tout bonnement interdire l’intervention des sous-traitants dans le département. Radical.

Et après ?

Le but est clair, le gouvernement et le régulateur désormais très attentifs à la situation, les consommateurs intéressés et plus exigeants que jamais, les règles, limites et sanctions posées sur la table, les opérateurs toujours plus investis dans le déploiement des réseaux, les solutions désormais identifiées et expérimentées sur le terrain.

Reste maintenant à avoir si le rappel à l’ordre et la nouvelle approche de la filière permettront de rectifier le tir ou si un nouveau paramètre viendra à son tour pimenter la partie. Il y a des chances qu’il soit d’ordre financier. Une rallonge budgétaire comme il y en a déjà eu pour déployer les prises les moins rentables et par extension les plus coûteuses. Oui, la fibre est aussi une affaire de rentabilité.

Rappelons que, fin 2020, le gouvernement a présenté un plan de relance post-covid à 100 milliards d’euros, dont près de 7 milliards pour le numérique et 240 millions plus spécifiquement pour la filière fibre optique. Infranum n’avait pas tardé à réagir à l’annonce du plan, y voyant “un signal fort”, une prise en compte de l’enjeu du numérique, et se réjouissant notamment des financements spécifiquement alloués à la filière fibre optique. Plus récemment encore, le déblocage d’une enveloppe de 420 millions d’euros pour le déploiement dans les RIP a été annoncé.

Cet article a été repris sur le site Univers FreeBox

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Dimitri Tamion

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