Sans pour autant aller à la confrontation directe, et alors que les opérateurs télécoms s’apprêtent à lancer la 5G en France, le gouvernement semble désormais vouloir passer la seconde dans le dossier Huawei. Pas de blocage à proprement parlé, mais un contrôle étendu et une mission de filtrage diluée.
Huawei : 1er équipementier réseau soupçonné de servir à des fins d’espionnage
Huawei, c’est le premier équipementier réseau à l’échelle mondiale, mais également le deuxième constructeur mondial de smartphones juste derrière Samsung. La situation pose d’ailleurs problème aux États-Unis, qui rappellent le passé du fondateur du groupe chinois. L’homme est un ancien ingénieur de l’armée chinoise. Quant à la directrice financière, il s’agit de sa fille.
D’où des suspicions concernant des risques d’espionnage et le récent lancement d’un appel au boycott auprès des partenaires. L’Australie, le Japon et la Nouvelle-Zélande ont rapidement suivi. Mais quelle est aujourd’hui la position de la France sur ce dossier, sachant que Huawei est présent en France depuis 16 ans, un important fournisseur pour les réseaux de télécommunications et le premier employeur chinois en France ?
La France, hésitante au départ, passe la seconde
Lors de précédentes déclarations, on apprenait que le dossier Huawei n’était pas prise à la légère par le gouvernement, sans pourtant être considéré comme véritablement alarmant. Ni oui, ni non, le positionnement français était timoré, avec la volonté de ne pas rater le train de la 5G et d’en finir avec les zones non couvertes par la 4G. Sauf que le ton semble avoir changé, comme le rapporte Les Echos.
En effet, une réunion le 16 janvier entre les opérateurs, la FTT, l’Arcep, l’ANSSI et la DGE indique un nouveau tournant. De nouvelles pistes sont à l’étude. Il s’agirait de donner plus de pouvoirs à l’ANSSI (Agence Nationale de la Sécurité des Systèmes d’Information) et au SGDSN (Secrétariat Général de la Défense et de la Sécurité Nationale), en utilisant la loi Pacte et en ayant recours à amendement.
Dans les faits, en plus de donner son aval aux opérateurs pour l’installation de futurs équipements, l’ANSSI pourrait à présent faire entendre sa voix après installation. Pour d’anciens déploiements, comme pour la 3G ou la 4G, par exemple. À cela s’ajoute le pouvoir de validation étendu, concernant les équipements, comme les combinaisons d’équipements et les mises à jour logicielles. L’ANSSI aurait deux mois pour valider ou non le plan de déploiement d’un opérateur et les équipements utilisés. Ce n’est donc pas une interdiction pure et simple inscrite noir sur le blanc, mais une possibilité étendue de validation. De plus, le pouvoir de validation se retrouverait dilué, car dépendant des plans initiaux des opérateurs. Ce filtrage s’ajoute à d’autres règles auxquelles se plient déjà les opérateurs, à savoir ne pas utiliser d’équipement réseau Huawei dans la partie la plus sensible de leur réseau, ne dépasser une proportion de 50 % et ne pas y avoir recours en Ile-de-France.
Source : Les Echos
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