Orange a perdu des plumes lors de l’arrivée de Free Mobile en 2012. Certains choix de Xavier Niel ont même poussé l’opérateur historique à explorer de nouveaux territoires. Stéphane Richard ne l’a pas oublié.
Dans une longue entrevue accordée au Parisien, le PDG de l’opérateur historique revient aujourd’hui sur la difficile période de décroissance chez Orange, les virages technologiques et les bouleversements du secteur mais aussi les projets du groupe. Le dernier en date, Orange Bank est selon ses dires toujours "dans les clous" pour atteindre 2 millions d’abonnés d’ici dix ans. Pour Stéphane Richard, lancer une banque mobile est "une réponse stratégique au constat que dans la connectivité, notre cœur de métier, la croissance est quasi impossible à obtenir". Partant du postulat que la consommation de data double sur le mobile chaque année et que le secteur peine à monétiser cette demande en pleine explosion, la faute à la régulation et à la concurrence, le patron de l’agrume se permet d’adresser un tacle appuyé à ses rivaux : "Merci Messieurs Niel, Bouygues et compagnie", lance t-il avant de rappeler : " on l’a bien vu sur la 4G, on a investi en pensant pouvoir rentabiliser mais personne y est arrivé. Et pour cause : Xavier Niel l’a proposé à ses clients au même prix que la 3G. Alors soit on accepte de gérer une entreprise qui n’a pas ou peu de croissance, soit on se dit qu’à partir de ce qu’on fait, on doit explorer d’autres territoires." Comme la banque, l’intelligence artificielle, la 5G etc…
Interrogé sur la décision la plus difficile à prendre à la tête de l’opérateur, Stéphane Richard répond sans ambages : le contrat d’itinérance avec Free dans un contexte qui ne s’y prêtait pas. En 2012, Free s’est lancé sur le marché du mobile en cassant les prix. Dépourvu de réseau, il a du négocier un contrat d’itinérance avec l’un des trois opérateurs nationaux. " La question se pose chez Orange : faut-il accepter de lui fournir un marchepied alors qu’il traite nos clients de «pigeons », lors de sa conférence de presse de lancement ? Certains pensent que ce serait une erreur stratégique d’accepter. Mais, si nous n’y allons pas, un autre pourra le faire à notre place. C’est le dilemme du prisonnier. Je décide de me lancer. Quoi qu’il arrive, on aura des dégâts, donc autant louer notre réseau pour en tirer des revenus", se souvient Stéphane Richard. Cette décision, il ne la regrette pas même s’il a du essuyer de nombreuses critiques. Le bilan est en tout cas aujourd’hui positif, "cela nous a permis d’amortir le choc et de préserver notre modèle économique et social."
Source : Le Parisien Eco (version papier)
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