Après avoir auditionné les dirigeants de la chaîne, Le CSA a prononcé aujourd’hui à l’encontre de C8 une sanction financière exceptionnelle concernant l’émission Touche pas à mon poste, d’un montant de 3 millions d’euros.
Cette sanction fait suite à la diffusion d’une séquence, le 18 mai dernier, durant laquelle l’animateur a mis en scène des conversations téléphoniques en direct avec des personnes ayant répondu à une fausse petite annonce qu’il avait publiée sur un site de rencontres. Ces personnes, principalement des hommes homosexuels, n’étaient pas informées de l’identité de leur interlocuteur et, croyant être dans le cadre d’une conversation privée, ont pour certaines d’entre elles dévoilé publiquement des informations relevant de leur vie intime et sexuelle. En outre, l’animateur a, tout au long de cette séquence, eu recours à de nombreux clichés et attitudes stéréotypées sur les personnes homosexuelles. Le CSA a estimé qu’en diffusant cette séquence, la société C8 a gravement méconnu le principe de respect de la vie privée, ainsi que son obligation de lutter contre les discriminations.
Par ailleurs, le CSA a rappelé qu’il a reçu à ce jour près de 47 000 plaintes concernant ce programme. Depuis 2015, il a traité près de 16 dossiers et a répondu aux plaignants qu’il n’y avait pas eu de manquement pour 4 séquences, prenant notamment en compte le caractère qui se voulait humoristique de l’émission. Par ailleurs, il a prononcé 3 mises en garde et 2 mises en demeure, outre des courriers d’observation adressés à la chaîne. Il a donc privilégié le dialogue et multiplié les avertissements, sans manifestement être entendu, comme l’atteste la troisième sanction prononcée ce jour.
Le CSA "appelle expressément au sens de la responsabilité des dirigeants de C8 et du groupe Canal+ et leur demande de faire respecter les dispositions de la convention souscrite et les règles fixées par la loi.".
Une sanction disproportionnée selon C8
La chaînes C8 a aussitôt réagi suite à l’annonce de cette amende. Elle estime que celle-ci est "disproportionnée" et "illustre à nouveau le traitement inéquitable et discriminatoire dont Touche Pas à Mon Poste est l’objet de la part du CSA.". La chaîne estime que la décision du CSA "fragilisera l’équilibre économique du Groupe Canal+ qui est le principal soutien financier de la création française et du sport". Elle annonce que des recours seront lancés.
Cet article a été repris sur le site Univers FreeBox