Médias : le coup de gueule du patron du Point adressé à SFR Presse
Invité hier de « l’Instant M » sur France Inter, Etienne Gernelle, directeur de l’hebdomadaire « Le Point » a lourdement fustigé le kiosque numérique de SFR Presse (65 titres), proposé à 19,90 euros sans engagement et inclus dans d’autres offres.
A ses yeux : « SFR Presse est une machine à tuer la presse parce que c’est gratuit ou virtuellement gratuit » , faisant référence à l’intégration du service dans les forfaits box et/ou mobile des abonnés de SFR, ce qui signifie que « les journaux valent zéro ».
« Lorsque que l’on prend juste le service SFR Presse, il suffit de diviser le prix par le nombre de journaux et on voit que ce sont des centimes par journal, d’ailleurs c’est la rémunération qui est proposée par SFR », ce qui valorise les titres au dixième de leur prix normal, « c’est une destruction de valeur pure », martèle t-il.
Alors que Le Point propose lui un abonnement numérique à 10 euros, l’intéressé s’interroge et s’inquiète : « Comment un journal vit dans ces conditions-là ? Comment paye-t-il ses journalistes, des reportages ? Ca pose une vraie question sur l’avenir de la presse. Ce système organise le massacre de la presse de qualité." Malgré cela, Etienne Gernelle ne cache pas sa part de culpabilité et celle des autres médias : « En 1995, la presse a fait une erreur fatale qui était de tout mettre gratuitement sur Internet, on le sait maintenant, cela a été un cataclysme, c’est nous les éditeurs de journaux qui sommes coupables ». Enfin, même si le patron du Point cautionne le fait que SFR et d’autres opérateurs proposent de la presse, il ne veut pas que cela se fasse au détriment de la valeur journalistique des journaux et sous-entend que ce nouveau modèle économique et de distribution de la presse devrait coûter plus cher :
"On est distribué sur le Kiosque d’Apple, ils prennent 30% de commission, c’est cher, mais ça m’est égal, c’est normal qu’un distributeur prenne une commission à partir du moment qu’il nous aide à vendre ce que l’on a mais qu’il ne détruise pas la valeur de notre produit, la valeur de ce que l’on fait, la valeur du journalisme et ça s’est destructeur, ce sont des calculs à courte vue ».