Piratage en France : le manque à gagner pour la TV payante s’élèverait à 350 millions d’euros
Selon une étude du cabinet EY, 13 millions d’internautes français se sont encore adonnés en 2016 au piratage, au total 2.5 milliards de contenus audiovisuels ont été consommés illégalement. Un manque à gagner global de 1.35 milliard d’euros.
Interrogé par La Lettre de l’Audiovisuel, Bruno Perrin associé chez EY (Ernst &Young) est revenu sur les procédés utilisés menant à ces résultats : « Nous avons extrapolé le nombre de pirates en France à 13 millions, deux fois plus qu’en Angleterre ! Médiamétrie a interrogé pour EY un échantillon de 3 000 pirates sur leur niveau de consommation et leur a posé une question essentielle : Si ce contenu n’avait pas été disponible illégalement, auriez-vous été prêt à payer ? Dans le cas où ils étaient prêts à payer leur contenu, nous l’avons valorisé selon le support (DVD,VOD,TV payante, etc.) et le type de contenu ». Pour aboutir au final à une somme de 1,35 milliard d’euros de manque à gagner.
Les secteurs les plus touchés sont les DVD, la VOD et la TV payante qui a perdu « des abonnés potentiels à hauteur de 350 millions d’euros". Un diffuseur de TV payante estime d’ailleurs que « le piratage est un fléau, l’endiguer nécessite des efforts constants et coûteux. Les pirates font évoluer les méthodes de piratage… Historiquement limité à la voie satellite, le piratage de nos flux live est désormais en train de se développer sur le canal IP, avec des forfaits à prix cassés proposés par les sites pirates ».
Une autre grande constatation de l’étude concerne l’Etat, « grand perdant du piratage avec 430 millions d’euros ; cela correspond à une perte de TVA, de charges sociales, d’impôts sur les sociétés et d’IRPE. L’État peut et doit jouer un rôle fédérateur : il doit imposer aux acteurs de s’entendre en vue de meilleures pratiques ou légiférer sur le piratage», annonce Bruno perrin, avant d’appeler à une « responsabilisation et une mobilisation des pouvoirs publics, des fournisseurs d’accès, des sites de référencement ».
Le rapport va même encore plus loin, estimant que « réinjecter ce manque à gagner dans l’économie légale pourrait générer plus de 2 000 emplois directs et encore davantage d’emplois indirects et pourrait générer 265 millions d’euros pour les ayants droit et le financement de la création. »