Plan THD : Déployer le très haut débit dans les zones reculées, une spécificité française qui fait débat
C’est l’histoire du verre à moitié vide ou à moitié plein.
En 2013, l’État s’est engagé à couvrir en dix ans l’ensemble du territoire dans le cadre du « Plan France très haut débit » pour atteindre en 2022, 100 % des 35 millions de logements et locaux à usage professionnel, dont 80 % en fibre optique jusqu’à l’abonné. Ce déploiement repose à la fois sur des opérateurs privés et sur l’initiative et le financement des collectivités territoriales. Si l’objectif de couverture intermédiaire (50 % en 2017) est déjà atteint, le déploiement en zones rurales pose problème. D’après le rapport remarqué et alarmiste de la Cour des comptes du 31 janvier, Il restera en 2022 à raccorder 7 millions de prises dans les « réseaux d’initiatives publiques » (RIP), financés en grande partie par les collectivités locales et l’Etat. Ces RIP sont censés raccorder dans les campagnes, 47 % de la population française. Pas une mince tâche, le plus difficile restant donc à venir puisqu’il s’agit d’équiper en fibre les zones les plus reculées.
Le plan THD est donc décrié, il s’est même attiré les foudres de la députée Les Républicains, Laure de La Raudière à l’Assemblée Nationale le 7 février, estimant de manière virulente que le gouvernement « laisse crever nos territoires ruraux ». Axelle Lemaire, Secrétaire d’Etat chargée du numérique, avait alors rétorqué que « le lancement du plan France très haut débit, qui vise à couvrir toutes les zones rurales de notre pays, ce sont 3,3 milliards d’euros que nous avons investi dans les campagnes de France" et que « 100% de la population française et 100% des entreprises seront couvertes d’ici à 2022.»
Interrogé par le site Contexte dans le cadre de la FTTH Conférence de Marseille, Antoine Darodes, directeur de l’Agence du numérique et ex-directeur de la mission THD, perçoit lui le plan THD, à contrario des sceptiques, comme un choix visionnaire au delà de sa complexité et de son aspect risqué. En somme, un choix pour l’égalité d’accès au Très Haut Débit et ce peu importe la zone d’habitation : « Le déploiement du THD – y compris à terme le FttH – sur tous les territoires, notamment les plus ruraux, est la vraie spécificité française. C’est un choix politique fort et différenciant. Vous prenez le risque, si vous ne faites pas ce choix, que demain on ne puisse pas offrir les mêmes services innovants, y compris des services publics, dans les zones rurales et urbaines. Cette inégalité serait d’autant plus inacceptable que ces infrastructures apportent d’autant plus pour les territoires éloignés. »
Le challenge « est certes coûteux, compliqué, et suppose des résultats plus longs à se concrétiser, mais c’est un choix volontariste et visionnaire de garantir une parfaite égalité d’accès de tous les citoyens, de tous les territoires, à l’ensemble des services innovants de demain. L’égalité dans l’accès aux infrastructures est à considérer à l’aune de l’égalité d’accès aux services innovants qu’elles permettent », précise t-il.