Le président de l’Arcep tente de calmer Orange après avoir annoncé lundi vouloir renforcer sa régulation dans la fibre
Sébastien Soriano, patron du gendarme des télécoms, s’est justifié jeudi matin sur BFM Business concernant sa volonté d’apporter "un petit complément" au cadre du déploiement de la fibre pour accélérer les investissements, comme le partage La Tribune. Ainsi, ses mesures, dévoilées lundi, veulent réguler la fibre et épauler les concurrents d’Orange.
Alors que l’opérateur détient 75 % des parts de marché, il estime que l’Arcep vient lui mettre des bâtons dans les roues en favorisant de manière injustifié ses concurrents. Il indique même que si ses concurrents sont en retard, c’est parce qu’ils n’ont pas voulu mettre la main au portefeuille.
"Il s’agit de trouver des relais, des compléments à cet effort d’investissement d’Orange"
Stéphane Richard, PDG d’Orange, a interpellé Sébastien Soriano, en postant un tweet : "la France en retard sur le THD, il faut donc s’attaquer à Orange, seul opérateur qui investit massivement. Cherchez l’erreur."
Alors, le président de l’Arcep a voulu calmer tout le monde et s’est présenté comme "un arbitre équitable". Il indique que le but de l’Arcep est de booster l’investissement en France. "Aujourd’hui, la situation est simple : Orange investit beaucoup, mais ils nous disent être à la limite de ce qu’ils peuvent faire. Il ne s’agit certainement pas de sanctionner cet investissement, mais de trouver des relais, des compléments à cet effort. Et ceux-ci viendront des autres opérateurs".
Il poursuit en indiquant que les concurrents d’Orange font face à "un certain nombre de verrous pour déployer leurs réseaux" en fibre optique, comme notamment la réglementation française, qui impose qu’il n’y ait qu’un opérateur qui déploie la fibre dans l’immeuble. "C’est de bonne gestion, mais il faut aussi se raccorder à la fibre dans l’immeuble. Mais aujourd’hui dans les zones les plus denses, Orange est très en avance et a installé la fibre dans beaucoup d’immeubles. Cependant les autres opérateurs n’arrivent pas à y accéder pour se raccorder."
"Pour passer de la rue à la cave, on a besoin d’Orange, c’est simple"
C’est la raison pour laquelle Sébastien Soriano demande à Orange d’accompagner ses concurrents, Free, Bouygues et SFR. De plus, il voit ses mesures comme une "mesure chirurgicale millimétrée", bien loin d’une remise en cause de toute la régulation. Il précise même que l’Arcep aurait pu aller beaucoup plus loin, comme le dégroupage de la fibre, ce qui consiste à donner accès au réseau d’Orange à la concurrence.
"Sur la fibre, chacun doit déployer sa propre fibre dans les rues. C’est un combat des rues. C’est un combat des caves. Pour passer de la rue à la cave, on a besoin d’Orange, c’est simple, et ce n’est quand même pas une remise en cause totale du cadre de la réglementation."
Le président de l’Arcep termine en se disant pragmatique et en annonçant mettre une proposition de régulation sur la table. "Si demain Orange avance de sa propre initiative pour régler ces problèmes, peut-être qu’on considérera qu’il suffit d’accompagner le mouvement."