Le Canard Enchaîné détaille les tractations entre Orange, Bouygues et L’Elysée. TF1 serait adossé à Orange.
Les indiscrétions, annonçant que le groupe Orange serait en discussions avec le groupe Bouygues en vue du rachat de Bouygues Télécom et de 4 chaines TV dont TF1, se poursuivent, même si le groupe Bouygues a réagi en indiquant qu’il n’avait « aucun projet de sortie des secteurs des télécoms et de la télévision ».
Sans nier d’éventuelles discussions avec Orange, le Groupe Bouygues semblait donc démentir les informations publiées par Bloomberg. Toutefois, Le Canard Enchaîné a détaillé les tractations entre Orange, Bouygues et L’Elysée. La chaîne TF1 serait adossée à Orange.
En effet, selon le Canard Enchaîné, Orange serait très intéressé et « étudie la prise de participation de 10% dans TF1 dans le cadre d’un rapprochement entre Orange et Bouygues Telecom, filiale, comme TF1, de Bouygues ». Reprenant les propos d’une source proche du dossier, Reuters rapporte toutefois que l’information du Canard Enchaîné est « fantaisiste ».
Pour rappel, l’agence Bloomberg affolait le petit monde des télécoms en annonçant un possible rachat de Bouygues Télécom et de TF1 par Orange. Mardi, on expliquait chez Orange : « Nous nous attendions à ce que les rumeurs repartent de plus belle après la fin des enchères pour les fréquences 700 MHz, qui ont eu lieu mi novembre. Mais des quatre opérateurs, nous sommes celui qui a le moins besoin d’une consolidation ».
Du coté de Bouygues, on se contentait d’un communiqué de presse indiquant « qu’il n’a aucun projet de sortie des secteurs des télécoms et de la télévision et réaffirme son ancrage durable dans ces deux industries ».
Même si l’annonce d’un possible rachat de Bouygues Télécom par Orange peut paraître aberrante au premier regard, l’opérateur historique avait pourtant déjà envisagé, l’année dernière, de reprendre la filiale Télécom de Bouygues, avec Free qui aurait pu récupérer une partie du réseau.
Dans ce nouveau feuilleton, et toujours pour éviter le veto de l’Autorité de la concurrence, Free pourrait récupérer une partie du réseau de Bouygues, des boutiques, des abonnés Internet et mobile pour plus de 2 milliards d’euros. C’est la somme que Xavier Niel, le fondateur de Free, avait accepté de débourser en juin dernier lorsque SFR avait tenté de racheter Bouygues Telecom. « S’il joue les radins, il prend le risque de faire capoter le deal souligne l’un des négociateurs ».
L’Etat tire les ficelles du rapprochement entre Orange et Bouygues
Donnant. Donnant. Etant actionnaire à hauteur de 23% d’Orange, l’Etat cherche ainsi à entrer par la petite porte dans le capital du groupe de télévision. A la fin du deal, Martin Bouygues pourrait détenir de son côté, « 10 à 12% du capital d’Orange ».
« Tout le monde a intérêt à cette opération (…) C’est la dernière option pour concentrer le marché à trois acteurs » expliquait un dirigeant d’un opérateur, alors qu’un autre précisait que « c’est la première fois que Bouygues pousse vraiment une opération, ils veulent entrer chez Orange ». L’opérateur historique « fait rêver Martin Bouygues, cela lui permet de vendre Bouygues Telecom tout en prenant pied chez le leader ».
Le super-trublion Free est de retour ?
Si ces négociations aboutissaient le « Super-Free » annoncé en mars dernier par Maxime Lombardini, délégué général d’Iliad, ne serait pas complètement enterré. Le secteur des télécoms se retrouverait de nouveau à 3 opérateurs : un mastodonte Orange-Bouygues, Numericable-SFR et un "super-trublion Free" ayant récupéré une partie du réseau de Bouygues, des boutiques et des abonnés.
Lors de la tentative manquée de Patrick Drahi, Xavier Niel avait expliqué ce que signifie le « Super-Free ». Grâce au rachat du réseau de Bouygues et de certaines de ses fréquences, le réseau mobile de Free « sera quasiment équivalent à celui des concurrents. L’objectif pour le marché et notamment pour le régulateur des télécoms, c’est d’avoir un bon équilibre entre les opérateurs ».
Xavier Niel n’avait pas indiqué exactement quelles fréquences il allait récupérer si le groupe SFR-Numericable avait réussi son coup, mais il avait précisé que dans le cadre de cet accord, Free aurait racheté « à la fois des fréquences 2G, 3G, 4G dans différentes bandes. Le nécessaire rééquilibrage des portefeuilles de fréquences lié à notre arrivée tardive sur le marché sera largement fait ». Bien évidemment, il s’agit d’un nouveau feuilleton (entre Orange et Bouygues), mais le résultat pourrait être similaire pour « Super-Free ».
Le moins que l’on puisse dire c’est que l’année 2016 s’annonce très mouvementée !
Source : Le Canard Enchaîné / Reuters