Patrick Drahi : « SFR était devenue une vraie fille à papa »
Patrick Drahi a été auditionné par la commission des affaires économiques de l’Assemblée Nationale. A cette occasion, le PDG d’Altice a pu revenir sur l’actualité de son groupe. Au cours de cet entretien, les députés se sont étendus sur les dettes qui s’amoncellent et du malaise au sein de son groupe.
Patrick Drahi a pu s’étendre sur la stratégie de Numéricable-SFR, ainsi que sur sa frénésie d’acquisition (SFR, Portugal Télécom, Virgin Mobile, Suddenlink très récemment, etc…). Il a également pu s’étendre sur ses méthodes plutôt radicales (dénoncées par les syndicats) et la mise aux enchères de la bande 700MHz.
« La dette n’était pas un problème pour une entreprise qui croît »
« je fais ce métier depuis 25 ans. Mon ambition c’est de développer un groupe international, avant tout familial. (…) La dette que l’on porte est calculée au regard de nos perspectives. Chez Numericable-SFR elle est au même niveau que nos concurrents », a-t-il expliqué très sereinement, même s’il est à la tête d’un groupe accumulant plus de 30 milliards d’euros de dettes.
Et de préciser, « la dette n’était pas un problème pour une entreprise qui croît. Ce sont les groupes en décroissance qui se focalisent sur la réduction de l’endettement . (…) Je ne vais pas faire de croissance boulimique au risque d’hypothéquer mon entreprise ».
« SFR était devenue une vraie fille à papa (…) Le papa a changé, et ma fille ne fait pas comme ça »
Concernant le malaise au sein de SFR, Patrick Drahi indique que le mal était déjà présent à cause de son prédécesseur. « Si malaise il y a, ce n’est pas nous qui l’avons créé, mais nos prédécesseurs. SFR était devenue une vraie fille à papa, qui dépensait sans compter, et laissait la maison-mère, régler les factures à la fin du mois. Le papa a changé, et ma fille ne fait pas comme ça » a-t-il expliqué aux députés. Pour l’homme d’affaires, SFR était devenu « un bateau ivre (…) qui vivait dans l’opulence ».
Du côté de l’épineux dossier des fréquences 700MHz, le patron d’Altice explique que son groupe n’en a « pas besoin », mais qu’il fera néanmoins « son devoir de citoyen ».
Time Warner Cable : Altice n’était « pas prêt »
Patrick Drahi a confié en marge de l’audition, « si je prends cinq petits morceaux de la taille de Numericable, je deviens aussi gros que Time Warner Cable », explique-t-il, mais son groupe n’était « pas prêt (…) J’ai discuté deux heures avec le patron. Il était comme un fou, il devait prendre une décision dans l’heure. Je lui ai dit, ce n’est pas possible, on rentre ».
Pour rappel, Altice, le groupe dirigé par Patrick Drahi, était également en discussions avec plusieurs banques afin de s’offrir les 11 millions d’abonnés de Time Warner Cable. Ses espoirs ont été douchés par Charter Communications, le troisième câblo-opérateur américain. Charter a proposé de racheter Time Warner Cable pour 56 milliards de dollars, sous réserve de l’accord des autorités américaines de la concurrence.
Source : Les Echos