05/11
Rachat de SFR : les nouveaux engagements de Patrick Drahi commentés par Arnaud Montebourg
A l’occasion de son audition par la Commission des Affaires Economiques sur l’avenir de SFR, le ministre de l’Economie et du Numerique était amené à s’exprimer "sur l’avenir de SFR" après l’officialisation de son rachat par Numericable.
Arnaud Montebourg revient ainsi sur les arguments qui aboutissaient au soutien du gouvernement au projet de Bouygues, plutôt que celui de Numericable :
- L’absence de consolidation dans cette transaction, laissant subsister 4 opérateurs, ne correspond pas au plan du gouvernement de consolidation du secteur qui souhaite revenir à 3 opérateurs.
- Un problème de technologie : Numericable "fait le câble et ne fait pas la fibre. Nous souhaitons la fibre. Le câble, c’était, il y a 15 ans. La fibre, c’est pour les 40-50 à venir."
- La taille des groupes candidats au rachat faisait également la différence : "Il y avait d’un côté un groupe solide disposant de capacité d’endettement et un autre plus petit qui en disposait de moins. J’ai ramassé dans les différents sinistres industriels dont j’ai eu la charge beaucoup de LBO qui ont mal tourné alors que l’entreprise était industriellement saine."
Arnaud Montebourg s’inquiète ainsi que Numericable rachète une entreprise dix fois plus grosse qu’elle.
Mardi, Patrick Drahi a rencontré Arnaud Montebourg pour clarifier les engagements de Numericable-SFR. Dans une lettre, datée du 8 avril et transmise au ministre, il clarifie ses engagements "fermes" suite au rachat de Numericable :
Sur l’emploi :
Patrick Drahi s’engage ainsi "à maintenir l’emploi dans le nouvel ensemble. " Jugeant les activités de SFR et Numericable "complémentaires", Patrick Drahi estime qu’il n’existe "aucun doublon" entre les activités des deux groupes. "Il n’y aura aucune suppression d’emplois dans le nouvel ensemble, sous quelque forme que ce soit." Il maintient également son engagement de recruter engager des ingénieurs commerciaux.
A ce titre, Arnaud Montebourg estime que le gouvernement "veillera à ce qu’il n’y ait pas de plan social, ni de départ volontaire" et "le fera respecter, par les moyens de la loi".
Sur l’investissement Très Haut-Débit :
Arnaud Montebourg, prévient : "c’est un point sensible ! "
Patrick Drahi estime ainsi que "Numericable fournit les meilleurs débits disponibles avec la meilleure qualité de services" selon les critères de l’ARCEP. Il se targue également que la France serait parmi les derniers pays dans le déploiement du très haut débit, sans les investissements qui ont été consentis par le câblo-opérateur depuis 2005.
Il renouvelle ainsi son engagement d’équiper 12 millions de prises d’ici 2017, et 15 millions en 2020. Il utilisera également son réseau" pour interconnecter le réseau 4G" de SFR "et 5G de demain". Enfin il annonce qu’il coïnvestira dans les réseaux d’initiative publique à hauteur de 50 millions d’euros par an.
Sur ce dernier point, Arnaud Montebourg pense que c’est insuffisant : "nous estimons que l’intégralité des engagements qui avaient été pris par SFR" doivent être maintenus, "or à nos yeux les 50 millions consentis ne correspondent pas tout à fait aux engagements qui avaient été pris initialement par SFR."
Le patriotisme économique :
Numericable estime déjà être conforme aux exigences, avec un siège social et des impôts déjà payés en France, étant côté en bourse de Paris, avec des dirigeants français, implantés en France. Il continuera également à poursuivre ses stratégies de patriotisme économique en continuant de faire appel à des fournisseurs français comme Alcatel-Lucent ou Technocolor.
Patrick Drahi prend néanmoins de nouveaux engagements concernant la maison-mère de Numericable, notamment en mettant en place la double cotation en bourse d’Altice, à Paris et Amsterdam. Il s’engage également à ne pas mettre en place de situation commerciale entraînant un transfert de fond de Numericable à Altice et la fuite de profits taxables "vers des centres de basse-pression fiscale".
Enfin, concernant la gouvernance, Patrick Drahi dévoile qu’il sera, lui-même, le président du conseil d’administration de la nouvelle entité.
Montebourg se félicite ainsi d’avoir obtenu ces engagements de la part de la nouvelle entité : "Numericable a ainsi avancé vers les objectifs gouvernementaux" même s’il subsiste "quelques réticences" en particulier sur le déploiement du très haut débit. Pour lui "le fait que l’Etat s’en soit mêlé, […] pour la première fois dans une fusion acquisition, les questions de l’emploi, des investissements, de l’excès de dette son devenues centrales."