Vivendi risque “plusieurs milliards d’euros de préjudice” s’il étudie l’offre de Bouygues avant le 4 avril
La saison 2 de l’aventure SFR a commencée hier soir, par une nouvelle offre de Bouygues Télécom, faisant fi de la période d’exclusivité liant SFR et Numéricable jusqu’au 4 avril. En effet, Martin aurait relevé son offre cash de 1,8 milliard d’euros, creusant désormais un écart de 1,4 milliard avec celle d’Altice. "Le conseil de Vivendi ne peut pas raisonnablement, vis-à-vis de ses actionnaires, ne pas examiner cette offre" nargue l’entreprise de BTP.
En effet, Jean-René Fourtou, président du conseil de surveillance de Vivendi de son état, aurait reçu une missive de l’Association de Défense des Actionnaires Minoritaires, le sommant "d’assurer la transparence de l’information en publiant les deux offres, telles qu’elles ont été adressées à Vivendi (...), d’exposer les éléments relatifs à la valorisation des deux offres."
Pendant ce temps, Vivendi publiait un communiqué confirmant avoir reçu une offre de Bouygues, sans plus de précisions. "Le Conseil de surveillance a décidé le 14 mars dernier d’entrer en négociations exclusives avec Altice pour une période de trois semaines" rappelle tout de même le groupe.
Vivendi se retrouve à peu de choses prés dans la condition d’un crabe en plein débarquement. D’un coté la pression des actionnaires qui aimeraient bien étudier de plus prés l’offre de Bouygues, lesté de 1.4 nouveau milliard en cash, de l’autre, la peur du procès.
C’est en effet ce qui attend Vivendi, dans le cas ou le conseil de surveillance braverait l’exclusivité accordée à Altice. Une source proche du dossier indiquait aujourd’hui à La Tribune : "le conseil de Vivendi ne peut pas regarder cette offre de Bouygues sans s’exposer au risque de procès, de recours pour rupture de l’exclusivité [...] c’est une clause pénale à la discrétion du juge, qui pourrait se chiffrer en milliards d’euros de préjudice."
Une autre source, proche de Vivendi et de ses avocats explique que l’étau se resserre : "la logique serait de poursuivre les négociations avec Altice jusqu’au 4 avril puis de réexaminer la situation, éventuellement d’entrer en discussions avec Bouygues. Dans l’intérêt social de l’entreprise, on est obligé de regarder l’offre de Bouygues : signer avec Patrick Drahi tout de suite serait un coup de force incroyable. Bouygues a réussi à bloquer le processus."