Qui l’aurait cru il y a encore quelques jours, Xavier Niel de s’engager ce soir de tout son poids derrière la candidature de Bouygues au rachat de SFR.
Dans une interview accordée aux Echos et publiée ce soir, le patron de Free tente de démontrer que le projet de Bouygues est industriel et qu’il va dans le sens du pays (et dans le sens de Free) et démonte la candidature de Numéricable qu’il juge comme un projet financier.
« Ce que je vois, c’est d’un côté un industriel solide, Bouygues, de l’autre un investisseur financier habile, Altice. L’un est peu endetté, l’autre est un gros LBO avec des multiples de câblo-opérateur alors que le mobile sera l’essentiel de l’activité du nouvel ensemble. Patrick Drahi, le propriétaire de Numéricable, vous promettait mardi qu’il ne modifierait pas son offre , et le lendemain il ajoute du cash et de la dette », explique Xavier Niel. Pire, selon lui,
« avec l’option Numéricable, c’est clairement la fin du plan très haut débit du gouvernement. Ils ne vont plus investir dans le FTTH (la fibre jusqu’au logement), en tout cas pas autant que SFR seul, puisqu’ils vont passer par le câble pour limiter les dépenses sur au moins 8 millions de prises. Dans ce cadre-là, Orange ne voudra plus investir autant car il sera quasiment seul à le faire. »
Des licenciements à prévoir si Numéricable l’emporte
Le fondateur de free dénonce également les engament sur la préservation de l’emploi de Patrick Drahi. « Il [Patrick Dahi] explique qu’il n’y aura pas de plan social, mais quand il a racheté Noos en 2006, 60% des effectifs ont été licenciés. Et je ne vous parle même pas du cas israélien, où les effectifs de l’opérateur Hot sont passés de 4.500 à 2.000. Appliquez le même ratio à SFR… Cela fait 5.000 départs. ». Et d’ajouter « pour devenir président et s’impliquer dans son entreprise, Patrick Drahi devrait redevenir résident fiscal français. Je trouverais cela très sympathique, mais en a-t-il l’intention ? Je crois plutôt que Numéricable/SFR sera contrôlée au Luxembourg, détenue par une société installée à Guernesey dont le principal bénéficiaire sera en Suisse. »
Le câble, une technologie dépassée pour Xavier Niel
Outre la candidature de Numéricable, Xavier Niel fustige la technologie même du câble qu’il qualifie de technologie « haussmannienne ». Numéricable « s’appuie sur le câble, qui n’est que du « Canada Dry » de fibre jusqu’à l’abonné. Je sais de quoi je parle, nous avons regardé deux fois le dossier Numéricable en 2007 et en 2011. Ce sont les fourreaux d’Orange plus une terminaison câble obsolète. Rien à voir avec les réseaux du futur. D’ailleurs le taux de désabonnement, à 20%, est le plus élevé du marché. Penser que c’est ce réseau qui va conquérir 5 millions d’abonnés en quatre ans comme le promet son actionnaire est assez comique. Mais ça doit être comme la dette, plus c’est gros, plus ça passe ! », dénonce Xavier Niel
Cet article a été repris sur le site Univers FreeBox