Avec déjà 1759 antennes 4G tout opérateur confondu dans Paris intra-muros, la couverture de Paris est une cible prioritaire pour les 4 opérateurs. Sur toute la couronne parisienne, l’ANFR relevait en début de mois 3 430 sites autorisés à émettre en Ile de France. Des déploiements "vitesse Grand V" que les collectivités parisiennes ont du mal à encaisser.
Il faut dire que la charte de Paris qui prévoit une facilitation des déploiements en échange d’une réduction de l’exposition aux ondes par les opérateurs est vue comme un facilitateur, mais qui n’est pas au goût de tout le monde.
Pour les Robins des Toits et quelques élus, l’absence de concertation est vue comme "un simulacre de démocratie. On donne l’illusion que les avis sont pris en compte, mais il n’en est rien."
Il faut dire que les demandes arrivent plus rapidement qu’elles ne peuvent être traitées par les collectivités. Pourtant, ces dernières doivent être traitées en 4 mois pour rendre un avis favorable ou défavorable. Si certains maires ne se posent pas de questions et avalisent systématiquement les demandes sans nécessairement traiter le dossier, d’autres jouent la carte du pourrissement.
C’est le cas de Célia Blauel, Conseillère EELV à Paris XIVe, qui non seulement "essaye de faire durer les dossiers" en demandant "toutes les simulations de champs" pour soutenir "les collectifs dans leurs tentatives de dialogue avec les opérateurs", mais réagis également à la cadence effrénée des dossiers à traiter : "avant, on faisait de l’information locale pour chaque projet. Mais avec la 4G et le développement de Free, c’est à marche forcée. Il y a tellement de demandes que je donne un avis défavorable systématiquement."
L’élue a mal digéré l’installation d’une antenne Free Mobile début 2013, pendant les vacances de février, quand une réunion publique avec les habitants était prévue au retour des vacances.
Sauf qu’un avis défavorable conduit le dossier à être renvoyé en Commission de Concertation de la Téléphonie Mobile (CCTM). Cette dernière est, elle aussi, surchargée, le XIVe et le XVIIIe se retrouvent avec des réunions de concertations uniquement consacrées à leur cas avec près de 100 dossiers à examiner par séance pour ces deux seuls arrondissements.
Pour Etienne Cendrier, porte-parole des Robins des Toits, les dossiers sont examinés au lance-pierres : "entre deux et quatre minutes, c’est de l’implantation forcée."
Pour Janine Le Calvez, présidente de l’Asssociation Priartem, la CCTM " n’a de concertation que le nom, c’est une simple chambre d’enregistrement. Les associations, et même le monde politique n’ont plus leur mot à dire."
Il faut dire que depuis le rapport de l’ANSES, le principe de précaution évoqué par les élus n’est plus accepté par un décision du Conseil d’État.
Les associations de défense ont d’ailleurs fini par adopter "la politique de la chaise vide. Il n’y a plus rien à discuter dans ces réunions, tous les dossiers passent" estime Janine le Calvez.
Des chiffres démentis par Mao Peninou qui affirme qu’en "moyenne, 20 % des dossiers ne sont pas acceptés." Il concède néanmoins qu’ils ne sont pas définitivement refusés : "ils sont renvoyés pour un complément d’information ou ajournés quand trop proches des seuils fixés par la charte. Mais ce sont rarement des refus définitifs."
Si Priartem évoque désormais la nécessité d’une "mobilisation citoyenne" quand les Robins des Toits évoquent plutôt des mesures de "blocage physique" des installations.
La guerre des ondes ne fait donc que commencer.
Cet article a été repris sur le site Univers FreeBox