La construction d’un réseau couvrant 90% de la population est estimé entre 1 et 1,5 milliard d’euros
Selon l’Autorité de la concurrence, le coût initial de déploiement d’un réseau couvrant 90% de la population est estimé, pour un opérateur qui disposerait du même patrimoine de fréquences que Free, à une somme comprise entre 1,0 et 1,5 milliard d’euros par les opérateurs qui ont pu en fournir une estimation ainsi que par l’ARCEP. A ce coût de déploiement initial, il convient d’ajouter les coûts opérationnels liés à la maintenance des sites, qui peuvent représenter plusieurs centaines de millions d’euros par an.
Ces estimations peuvent être corroborées par les éléments suivants. Selon les évaluations des opérateurs, le coût de déploiement d’un site est de l’ordre de 100 000 euros. Ce coût prend en compte tant les coûts de génie civil que les coûts liés aux infrastructures (émetteur, antenne, etc.). A ces coûts de déploiement, qui correspondent à des dépenses d’investissement en capital, s’ajoutent des dépenses d’exploitation (OPEX), qui peuvent être évaluées à environ 20 000 euros par site et par an. Pour couvrir 90% de la population, soit l’obligation de couverture de Free en 2018, l’opérateur devrait déployer au moins 10 000 sites. Ainsi, les investissements initiaux devant être consentis par Free se situeraient dans une fourchette dont la partie basse est de l’ordre d’un milliard d’euros. Les coûts opérationnels liés à l’entretien du réseau correspondraient pour leur part à environ 200 millions d’euros annuellement.
Il coûte moins cher à Free de déployer son réseau que d’utiliser l’itinérance Orange
Autre affirmation de Free validée par l’Autorité : Le cout financier du déploiement d’un réseau qui est inférieur au cout de l’itinérance. Selon le gendarme de la concurrence, en termes purement financiers, le coût du déploiement initial d’un réseau 3G pour Free correspond donc à moins de trois années de facture d’itinérance. Quant aux coûts d’exploitation et de maintenance, de l’ordre de 200M€ par an, ils sont nettement moins élevés que ce que Free se voit actuellement facturer par Orange au titre de l’itinérance. Un rapide calcul indique donc que, si Free pouvait déployer immédiatement un réseau couvrant 90% de la population, il aurait un intérêt économique à le faire, plutôt que de recourir à l’itinérance, au bout de trois à cinq ans, en fonction des hypothèses retenues.
S’il est plus avantageux financièrement pour Free de construire son réseau, l’itinérance lui apporte cependant quelques avantages
Financièrement, il est donc plus avantageux pour Free Mobile de construire son propre réseau. Il n’est pour autant pas certain que l’on puisse compter sur une réponse aussi simple. Et ceci pour trois raisons. En premier lieu parce que le bilan coûts-avantages de l’itinérance pour l’opérateur accueilli ne se limite pas à une équation financière au sens strict : l’avis a relevé la variété des bénéfices tangibles, mais difficiles à quantifier (en termes de fiabilité, de sécurisation, de garantie de qualité et donc d’image, etc.), associés à l’itinérance.
En deuxième lieu parce que l’opérateur accueilli peut anticiper une baisse sensible du coût de l’itinérance au moment du renouvellement du contrat. L’intérêt collectif des trois premiers opérateurs de réseau est certes de ne pas avantager Free dans sa stratégie de « maverick », qui repose en partie sur la force que lui confère l’itinérance. Mais l’intérêt individuel de chacun d’entre eux est de capter à son profit les recettes de cette itinérance, qui dégagent une marge élevée compte tenu du coup incrémental de la prestation. Un appel d’offres pour renouveler le contrat d’itinérance pourrait donc réserver d’heureuses surprises à celui qui mettrait en concurrence Orange et les deux autres opérateurs de réseau, dans un contexte macroéconomique particulièrement tendu…
En troisième lieu, et enfin, parce que l’itinérance permet à Free d’attendre pour mieux saisir les opportunités qu’une situation de marché aussi turbulente que celle que connait le secteur des mobiles en France pourrait provoquer : rachat ou fusion avec un concurrent, mutualisation des infrastructures souhaitée par un opérateur qui voudrait réduire ses coûts, etc. De telles perspectives peuvent encourager une stratégie attentiste.
L’Autorité de la Concurrence conclue en expliquant que puisqu’il n’est pas certain qu’un simple calcul financier constitue une incitation suffisante à déployer, c’est donc qu’il faut, par l’intervention conjuguée des autorités de concurrence et de régulation, encadrer l’itinérance : préciser sa durée, régler les modalités de son extinction.
Cet article a été repris sur le site Univers FreeBox