Extraits de cet interview
Jean-Marc Morandini : Est-ce que vous nous confirmez tout d’abord que ce reportage a bien été censuré ?
Vincent Regnier : Pas du tout. D’abord, une précision, ce n’est pas du tout un reportage qui était consacré à FREE, c’est un reportage qui était consacré à la guerre des forfaits, suite à l’apparition du forfait de FREE en dessous de 20 euros, le reportage était consacré à comment tous les opérateurs historiques faisaient pour s’aligner sur les propositions de FREE. Donc ce n’est absolument pas un reportage sur FREE, c’est un reportage sur l’ensemble de la guerre des forfaits et comment les opérateurs se sont mis d’équerre afin de répondre à l’offensive de FREE. Ça c’est le premier point. Le deuxième point, normalement, et on ne serait pas là pour en parler, jamais ce reportage aurait dû être fait parce que – et j’en porte une part de responsabilité, que je vais vous expliquer – puisque toujours la chaîne, ce n’était pas écrit, mais c’était dit sans être écrit, pas de sujets dans lesquels M6 est un acteur majeur. M6 est un opérateur, avec ORANGE, commercialise des forfaits, qui s’appellent M6 ORANGE, M6 MOBILE BY ORANGE, donc on ne peut pas à la fois, c’est un problème éthique, je vais même dire déontologique, de la part de la chaîne, de dire « non aux sujets dans lesquels nous sommes nous-mêmes partie prenante et acteur majeur. »
Jean-Marc Morandini : Pour éviter tout conflit d’intérêts ?
Vincent Regnier : Pour éviter tout conflit d’intérêts. Il se trouve qu’il y a quelques mois il y a eu une nouvelle organisation à C PROD et moi-même j’ai poussé pour dire, « allons, faisons le sujet », sans avoir, si vous voulez quelque part j’ai fait une mauvaise interprétation du choix de l’entreprise, et à tout moment on m’a dit « écoute Vincent, stoppe ce sujet, parce que comme on est en conflit d’intérêts ce n’est pas possible d’aller jusqu’au bout. » J’ai fait une mauvaise interprétation, je m’en suis expliqué auprès des équipes, je m’en suis expliqué auprès de la direction, et que effectivement on arrive, à la fin, où me renvoie, et on renvoie aux équipes effectivement « attention, cette règle », qui me paraît couler de bon sens, tout à fait normale, de ne pas être à la fois juge et partie sur des sujets parce que, même si le travail journalistique est très bien fait, ce qui a été le cas, forcément il y aura des interprétations sur la manière dont M6 aura traité un sujet dans lequel, encore une fois, on est un acteur, peut-être pas majeur, mais un acteur…
Jean-Marc Morandini : Dernière question, rapide, juste Vincent REGNIER, y a-t-il eu pression de la part d’un membre du Conseil de surveillance de M6, comme on a pu le lire ?
Vincent Regnier : Il y a eu, je vous promets, je vous promets, parce que quelque part, encore une fois, je suis, c’est moi qui apporte mes regrets, c’est moi qui ait poussé pour faire le reportage, il y a eu zéro pression. Et d’après ce que j’en vois, puisqu’effectivement ça émeut un peu, même certains opérateurs regrettent que le sujet ne passe pas. C’est bien pour vous montrer qu’il n’y a eu aucune pression. Il y a eu, je vous promets, zéro pression, il y a juste une règle, encore une fois, qui a été dites et qui maintenant sera écrite, de : pas de sujet sur M6 pour entrer en conflit d’intérêt par rapport au sujet traité. Voilà, ce n’est pas plus compliqué que ça.
Précisons également que nous avons essayé de voir ce reportage, mais cela n’est pas possible. Toutefois, selon une source proche du dossier, il ne s’agissait pas d’un reportage à charge contre Free Mobile, mais plutôt à son avantage. Si tel était le cas, la polémique actuelle serait un peu incompréhensible.
Cet article a été repris sur le site Univers FreeBox