Olivier Roussat : Free est un pompier pyromane
C’est au tour d’Olivier Roussat de s’offrir une tribune sur Free Mobile. Publiée ce jour dans les colonnes de Les Echos, Olivier Roussat, directeur général de Bouygues Télécom y va de sa plume et se concentre sur l’argumentaire de l’emploi : "Oui, tous les acteurs des télécoms sont frappés : les opérateurs mais aussi sous-traitants et distributeurs, puisque le modèle Free d’abonnement sans téléphone ne peut que mettre en difficulté les réseaux indépendants de boutiques. Quel paradoxe de voir le propriétaire de Free nier les risques qui pèsent sur l’emploi ! Il est bien l’un des responsables de la situation qui déstabilise profondément un secteur d’avenir, essentiel pour la compétitivité française. Il omet de préciser qu’à fin 2011, plus de 30 % de ses effectifs se trouvaient dans des pays à faibles coûts de main-d’oeuvre, tandis que Bouygues Telecom peut être fier de ses 10.000 emplois… en France" note t-il.
Qualifiant Free de pompier pyromane, le directeur général de Bouygues Télécom estime que Free Mobile "ne mérite, en effet, ni l’excès d’honneur ni l’indignité de porter seul ce fardeau qui peut, socialement et économiquement, coûter si cher au pays. Beaucoup l’ont déjà dit à raison : la manière dont a été imposée la quatrième licence de téléphonie mobile, en 2009, repose sur une triple erreur".
Olivier Roussat critique ainsi la démarche du régulateur et estime qu’il "n’était pas utile d’imposer un quatrième opérateur pour faire baisser les prix". Pour preuve, il estime que les prix ont baissé avant l’arrivée de Free notamment grâce à la diminution du prix de gros des communications.
Free : une étrange espèce, à mi-chemin du coucou et du bernard-l’ermite :
De plus, il regrette les modalités avantageuses offertes au quatrième entrant qui, selon lui, "l’avantage excessivement au détriment d’une concurrence équitable". A contrario, "les trois opérateurs ont effectué de gigantesques investissements pour servir tous les Français, pour assurer la couverture de l’ensemble du territoire, pour construire leur réseau, l’entretenir et l’adapter aux technologies nouvelles"
"En revanche, Free, selon ses documents financiers, n’a consacré en 2011 que 142 millions d’euros aux investissements dans son réseau mobile. En permettant au quatrième opérateur de ne pas avoir à bâtir son propre réseau mobile et à utiliser celui d’un autre, l’Etat et le régulateur ont ainsi créé une étrange espèce, à mi-chemin du coucou et du bernard-l’ermite : un couple où celui qui entre sur le marché sans aucun produit innovant se fait héberger pour le plus grand profit de l’ex-monopole, mais au détriment des autres opérateurs et de tout le secteur" explique t-il.
Pour conclure, Olivier Roussat convient que l’arrivée de Free profite au consommateur mais à court terme.