23/11
Le Président de l’ARCEP démonte les arguments des concurrents de Free
On a assisté ces dernières semaines à une déferlante d’attaques contre Free Mobile, venant principalement de ses concurrents mais également de certains syndicats et même d’opérateurs étrangers comme Vodafone. Ces arguments ont fini par faire douter de la capacité de Free à faire fonctionner son réseau 3G. Cela est même allé jusqu’au sommet de l’Etat puisqu’Eric Besson est également intervenu dans ce dossier pour demander une étude à l’ANFR.
Et pourtant, tout cela semble bien avoir été en grande partie une entreprise de désinformation. Jean Ludovic Silicani, qui est certainement la personne la mieux placée dans ce dossier pour apporter des réponses, a tout d’abord démenti une des plus grosses rumeurs qui estimait que Free ne couvrait pas 27% de la population en 3G. Mais les Président de l’ARCEP est allé bien plus loin et a démonté, quasiment une par une, la plupart des autres accusations contre Free Mobile.
Devant des députés qui semblaient en partie avoir succombé aux arguments de Bouygues Télécom, SFR et Orange, il a répondu à plusieurs questionnements. Tout d’abord, même s’il se disait prêt à faire évoluer les règles pour la vérification des réseaux, il a mis en garde sur les conséquences. En effet, s’il fallait être plus sévère concernant ces règles, il n’y aurait aucun opérateur qui respecterait ses engagements. Il a expliqué que lors des premières vérifications concernant le déploiement 3G, au début des années 2000, plus d’une fois sur deux les mesures effectuées basculaient en 2G. Si les règles avaient du être plus sévères, les opérateurs auraient tous eu des sanctions.
Jean Ludovic Silicani est également revenu sur les accusions lancées quelques heures auparavant par le DG de Bouygues Télécom devant les mêmes députés, qui affirmait qu’il était plus rentable pour Free d’utiliser le réseau d’Orange que le sien. « C’est absurde » a répondu le Président de l’ARCEP « c’est surréaliste de penser que Free va donner de l’argent à un autre opérateur que de construire le sien ». Il a affirmé que cela coute plus cher à Free d’utiliser l’accord d’itinérance avec Orange et a assuré que Free avait les moyens d’investir et donc qu’il n’a aucune raison valable ou économique de ne pas le faire.
Free n’est pas un opérateur low cost
Pour le Président de l’ARCEP, Free a simplement fait des gains de productivité ce qui lui permet d’avoir des coûts de fonctionnement inférieurs. Cela n’a donc rien à voir avec du low cost, où l’on fait baisser les coûts en délocalisant dans des pays ou les salaires sont les plus bas. Il a indiqué que la majorité des emplois dans le secteur du numérique étaient localisés en France et que ce secteur avait gagné 400 000 emplois en 15 ans. Il estime que la libéralisation a eu des effets très bénéfiques, dans l’investissement également puisque le secteur a investi 7 milliards d’euros en 2011.
Jean Ludovic Silicani a également précisé que s’il y a de la concurrence et une baisse des prix, l’emploi n’est pas la seule variable d’ajustement, il y a aussi les dividendes, qui représentent 5 milliards d’euros dans les Télécoms.
Un petit tacle pour Eric Besson
Le Ministre de l’économie Numérique avait demandé à l’ANFR une vérification du réseau de Free. Il s’était défendu d’avoir demandé une enquête parallèle à l’ARCEP en indiquant sur Twitter « L’Arcep me demande l’appui de l’Anfr et j’ai accepté. »
Il semble pour autant que ce ne soit pas du tout le cas. Jean Ludovic Silicani a en effet indiqué qu’il ne savait pas quelle enquête avait réalisé l’ANFR (dont les résultats seront connus mercredi ou jeudi). Cette dernière n’a donc visiblement pas travaillé avec l’ARCEP sur ce dossier, contrairement aux affirmations d’Eric Besson.
Jean Ludovic Silicani a indiqué que s’il est demandé à l’ANFR de faire le même travail, cela reviendrait à demander à un autre organisme de faire des mesures sur l’inflation à la place de l’INSEE. Il a précisé « que dans cette hypothèse, ca serait très grave » puisque c’est de l’autorité de l’ARCEP de faire les mesures sur les réseaux des opérateurs. Enfin, selon le Président de l’ARCEP, l’ANFR ne peut mesurer la couverture, elle peut seulement vérifier si les antennes sont allumées. Cela aurait pourtant pu être un travail complémentaire de l’ARCEP.