Alcatel plaide pour « la différenciation du service », la fin des forfaits Internet illimités
On se souvient de la polémique autour de la Fédération Française des Télécoms sur la fin de l’internet illimité. Dans ses colonnes du jour, le Figaro Economie se fait l’écho du souhait d’Alcatel.
En 2020, l’Europe a prévu de raccorder 100% des foyers au haut débit (plan numérique européen). Un projet d’audace qui demande un investissement de 200 milliards d’euros selon Alcatel Lucent. Et les 9 milliards d’euros injectés par Bruxelles ne suffiront pas. Neelie Kroes, commissaire européenne en charge de la société numérique devra donc être très persuasive et apporter des garanties aux subventions privées, opérateurs ou fournisseurs de contenus…
Pour éviter la saturation des réseaux, Facebook, Google et autre Netflix pourraient devenir des clients en Europe des équipementiers de télécoms et Alcatel Lucent espère bien rafler la mise. Pour garantir leurs services, les géants du web seraient amenés à construire leur réseau privé. Fi de la neutralité du net, vive le marché, l’internet à la carte permettant aux opérateurs de faire des offres différenciées est le dessin de Ben Verwaayen, le directeur général d’Alcatel Lucent.
Hormis l’idée noble de la neutralité du net oubliée, il faudra aussi répondre aux exigences des opérateurs télécoms qui seront certainement de la partie. Ceux-ci ne veulent pas que les géants du net profitent gratuitement de leur réseau.
Du coup, au mois de juillet, René Obermann, le PDG de Deutche Telekom, Jean Bernard Lévy (Vivendi) et le patron d’Alcatel Lucent ont remis 11 propositions à Bruxelles pour l’internet de demain. Les trois géants européens ont présenté à Neelie Kroes une dizaine de propositions pour atteindre les objectifs de l’Union européenne en matière de déploiement du très haut débit. Parmi ces recommandations, un Internet à plusieurs vitesses semble la voie privilégiée.
C’est clair, la différenciation du trafic est inéluctable pour ces trois géants : « Un modèle basé uniquement sur le prix ne pourra en aucun cas renforcer la compétitivité. Nous voulons un marché juste, où tous ceux qui travaillent dans le secteur de l’Internet (ou autour) auront la certitude que celui-ci aura un développement pérenne. C’est ce que nous appelons un "Internet à la carte" » a déclaré Jean-Bernard Lévy, le président du directoire de Vivendi.
Priorité à certains contenus et facture de la connexion en fonction des usages, la règle vaut de l’or ! A défaut d’entrér dans la polémique, le directeur d’Alcatel estime que les géants d’internet comme Google devront mettre la main à la poche pour proposer des services encore plus rapides. Une aubaine pour l’entreprise qui détient 20% du marché des équipements télécoms et qui pourrait en même temps enrichir son carnet d’adresse.
Ici, la neutralité du net à un prix, elle vaut 200 milliard d’euros.
Source : Le Figaro Economie