Fusion Canal+-TPS : l’avenir de la TV par ADSL est en jeu
Alors que la fusion Canal+/TPS fait actuellement moins de bruit, c’est paradoxalement en ce moment que « L’avenir de la communication française qui se joue dans cette affaire » selon les dires du ministre de la culture et de la communication.
Deux camps s’affrontent dans cette affaire, et non des moindres :
D’un coté les protagonistes de la fusion, Canal+ en tête, soutenu par le cinéma, de l’autre France Télécom soutenus par France Télévisions et par les éditeurs de chaînes indépendantes.
France Télécom et France Télévisions disent craindre la Fusion car le nouvel ensemble régnera sans partage sur le marché de la télévision payante en détenant 100% des chaînes premium et 72 % du chiffre d’affaire des chaînes thématiques. De plus TF1 et M6 pèsent 45% de l’audience des chaînes gratuites et Lagardère est le premier producteur audiovisuel français d’émission de stock. Ces acteurs pourraient également étendre leur emprise sur le marché naissant de la télévision haute définition, sur la VOD ainsi que sur la TV sur mobile.
France Télécom ne pourrait pas créer de chaînes premium
L’opérateur avance cet argument pour dénoncer le monopole du nouvel ensemble sur les films américains de première fenêtre (sur TPS Star et Canal+) et de quasi monopole sur les deuxième fenêtre (sur les chaînes Cinecinema, 6 chaînes, et TPS Cinéma, 7 chaînes). Concernant le cinéma français, ce serait 95% des œuvres produites actuellement qui seront captives de la nouvelle entité.
Si « France Télécom souhaite créer aujourd’hui une chaîne premium, la nouvelle entité rendrait impossible l’accès aux contenus nécessaire pour une telle création ».
Laisser la possibilité aux FAI de créer leur propre bouquet
France Télécom oeuvre auprès du conseil de la concurrence (qui devra donner son avis le 13 juillet, voir le 13 août) ainsi qu’auprès du ministre de l’économie, Thierry Breton, pour que soit accepté le principe du « dégroupage » du secteur de l’audiovisuel. Autrement dit, il souhaiterait qu’il y ait un marché de gros des chaînes de télévisions et que les FAI puissent commercialiser les chaînes comme ils le souhaitent : « tout opérateur de distribution de plate forme de télévision payante a besoin, pour être compétitif, de constituer un bouquet attractif et concurrentiel. ». On ne peut, en tant que téléspectateurs, qu’être en accord avec France Telecom.
Canal+ prédit sa mort si les conditions de France Télécom sont acceptées
Jean René Fourtou
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Evidement Canal+ compte bien garder l’exclusivité de la distribution de ses chaînes qui est pour lui une source de profit et lui permet de maîtriser son offre et son image. Pour eux, c’est la mort de Canal+ France «Pourquoi un consommateur s’abonnerait-il à Canal si demain France Télécom propose le téléphone, l’internent et nos chaînes pour 30€ par mois ? ». Un peu démagogique comme argument car même si la distribution des chaînes est ouverte aux opérateurs de télécommunication, ceux-ci n’y auront pas accès gratuitement, il est donc peu probable qu’elles soient incluses dans les forfaits de base.
Outré des prétentions manifestées par les télécoms, Jean René Fourtou menace de renoncer à la fusion s’il perd la maîtrise de ses chaînes.
Les premiers résultats vont dans le sens de France Télécom
Le CSA et l’ARCEP qui se sont déjà prononcés sur ce dossier entendent préserver la concurrence, pour eux, le « dégroupage » de certaines chaînes au profit des télécoms doit être retenu. Dans ces conditions, Canal + serait prêt à lâcher du lest et renoncerait à la diffusion exclusive de chaînes indépendantes comme celles de Disney. Il se murmure même que Canal+ pourrait accepter l’idée de céder une seule chaîne Cinéma, TPS Star, à France Télécom (et on imagine aux autres opérateurs).
Une excellente opération pour Free et les freenautes
Même si dans cette affaire on entend pas beaucoup Free ou les autres opérateurs, qui laissent France Télécom aller seul au turbin ( pour préservé de bonnes relations avec le groupe Canal+ ?), Freebox TV pourrait donc bénéficier des retombées de cette fusion. S’il y a peu de chance de voir toutes les chaînes du nouvel ensemble être distribuées dans les bouquets des FAI, il y en aura probablement au moins quelques unes qui devraient venir améliorer considérablement le bouquet. De plus, la commercialisation étant du fait du FAI, Free pourra choisir de commercialiser ces chaînes à l’unité ou par pack et certainement à des tarifs avantageux. La moisson de nouvelles chaînes pourait donc être fructueuse dés la rentrée pour Freebox TV.
Sources : Paris Match, Les Echos