L’Avicca,l’Association des Villes et Collectivités pour les Communications électroniques et l’Audiovisuel demande à l’Etat, dans son communiqué du jour, de ne plus faire la soude oreille à propos du déploiement de la fibre optique en France.
Le 28 avril dernier, le Commissaire général à l’investissement, le Ministre chargé des communications électroniques et celui chargé de l’aménagement du territoire publiaient la carte prévisionnelle de couverture en fibre optique résultant des déclarations des opérateurs privés. Ils se félicitaient du "niveau élevé" des intentions de déploiement, et du cadre "stable et incitatif". Il était demandé aux collectivités de prendre ces déclarations d’opérateurs pour argent comptant, et de modifier leurs schémas directeurs en conséquence.
Une semaine plus tard, lors du colloque de l’ARCEP, les responsables des plus grandes entreprises du secteur n’avaient pas de mot assez durs pour fustiger le cadre national pour le déploiement du Très haut débit : "invention française pratiquement unique au monde" et "absurdité" (Vivendi/SFR), "cinq cent millions d’euros annuels gaspillés" (Free), "concurrence par les infrastructures au détriment de l’aménagement du territoire" (Bouygues)… Quant au Président de France Télécom, peu critique sur le cadre, il constate néanmoins que "Les revenus d’accès n’augmentent que marginalement, environ 1% par an, tandis que nous voyons un mur d’investissements se dresser devant nous. Cette équation n’est certainement pas soutenable." Il conclut que "Les opérateurs comme France Télécom (…) voient leur horizon, en dépit du formidable décollage de l’économie numérique, singulièrement difficile à décrypter."
Dans ces conditions, est-il normal de demander aux collectivités d’abandonner leurs projets, et de prendre acte de déclaration d’investissements à un horizon de dix ans, alors même que les opérateurs privés sont totalement critiques, manquent de visibilité ou d’intérêt à cette mutation ? On peut relever que s’il y a un retard sur la fibre optique, France Télécom restera en position de monopole, très rentable, grâce au réseau actuel.
Les collectivités entendent parfaitement toutes ces déclarations des opérateurs, parce qu’elles ont un fondement économique réel : on ne construira pas cette infrastructure nouvelle, ouverte et couvrant bien le territoire dont nous avons besoin dans le cadre actuel. L’Etat, au niveau du régulateur comme du gouvernement, doit rapidement les écouter et en tirer les leçons, sous peine de prendre une lourde responsabilité.
Au sujet du cadre réglementaire, le retard pris dans l’élaboration de l’arrêté et le décret pour fibrer les immeubles neufs (16 mois aujourd’hui), comme les lourds questionnements sur le service universel, la transition du cuivre vers la fibre, le fibrage des petits immeubles ou des zones pavillonnaires montrent que de grandes questions ne sont pas résolues.
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