Didier Lombard tient tête à l’Elysée
Mais tout ceci cache des disparités entre les différentes zones dites blanches, grises et noires où l’Europe souhaite que les aides publiques ciblent les zones peu denses. Dans les zones très denses, le dispositif prévu par l’ARCEP prévoit que l’opérateur d’immeuble sera soumis, si les autres opérateurs présents le souhaitent, à installer dès le départ une fibre dédiée par logement pour chacun d’entre eux. De façon générale, l’ARCEP recommande que, dès lors qu’une fibre supplémentaire aura été demandée par un opérateur, l’opérateur d’immeuble installe systématiquement quatre fibres par logement.
Tout ceci n’est pas du goût d’Orange car l’opérateur historique souhaiterait recréer un monopole et pour défendre la technologie qu’il utilise, il annonce que le coût d’installation du multifibre est supérieur de 40% au mono-fibre, mais l’Autorité de la concurrence estime que « l’installation de fibres supplémentaires représente surcoût relativement faible par rapport à une architecture mono-fibre et est neutre d’un point de vue technologique, que les opérateurs aient opté pour un déploiement de leur réseau de type point-à-point (une fibre par abonné de bout en bout) ou points-à-multipoints (réseau arborescent).
L’Elysée souhaitant débloquer la situation a convoqué deux fois ces derniers jours Didier Lombard, le PDG de l’opérateur historique. Au menu, le dossier chaud du très haut débit. Orange refuse la création d’un réseau unique pour couvrir les zones peu denses en fibre optique. Le cabinet de Nicolas Sarkozy voulait connaître la position des dirigeants de l’opérateur sur le déploiement des réseaux très haut débit. Ou, plutôt : " L’Elysée a fait comprendre à France Télécom quelle était sa stratégie " , explique un observateur.
Nous pouvons observer que les tensions montent et que tout ceci est devenu politique avec l’idée qu’une partie des recettes du grand emprunt, cher au président, soit affectée à la fibre optique. Car Nicolas Sarkozy veut faire des annonces dans le numérique à la mi-novembre. Officiellement, aucune décision n’a encore été prise à ce stade et l’Elysée consulte. Mais, officieusement, les plans de Nicolas Sarkozy seraient proches de ceux développés récemment par Nathalie Kosciusko-Morizet, la secrétaire d’Etat à l’Economie numérique, et Augustin de Romanet, le président de la Caisse des Dépôts (CDC).
Il s’agit de créer une structure mutualisée dans laquelle les opérateurs et la CDC seraient actionnaires, qui construirait un seul réseau en fibre optique dans les zones moyennement denses en France, c’est-à-dire au-delà des 5 millions de foyers situés dans les zones denses. Cette infrastructure connecterait de 5 à 7 millions de foyers au très haut débit. Les opérateurs pourraient déployer leur réseau jusqu’à un point – regroupant environ un millier d’abonnés – à partir duquel il n’y aurait plus qu’un seul réseau. La présence de l’Etat au capital assurerait la neutralité technologique et la vision à long terme de l’aménagement du territoire, selon les défenseurs de ce réseau mutualisé.
SFR et Iliad sont sur la même longueur d’onde, mais Orange souhaite toujours faire route seul, et même l’un des dirigeants de l’opérateur a même comparé ce réseau cet été à une " soviétisation de l’économie ".
Didier Lombard avait annoncé en mai dernier que Stéphane Richard, ancien directeur de cabinet de Christine Lagarde, lui succéderait en 2011. "Vu les blocages, si les propositions de France Télécom ne plaisent pas, alors il pourrait y avoir une transition plus rapide que prévu chez l’opérateur", rapporte le quotidien LesEchos, citant une source à Bercy.