Fibre optique : l’ombre de la Chine plane sur l’industrie française, les professionnels s’alarment
Les commandes de câbles à fibre optique en France ont chuté en 2019, ce qui inquiète les acteurs de l’industrie.
“C’est un sujet majeur pour notre industrie“, affirme Eric Francey, président de Sycabel, syndicat professionnel des industriels français des câbles, représentant 21 entreprises. La hausse d’importation de câbles de fibre optique provenant d’Asie faisant chuter les commandes auprès des industriels français à un niveau sans équivalent depuis 2011.
“Dans le secteur des télécommunications, on conjugue deux incertitudes : le redémarrage des chantiers après la crise du Covid“, explique-t-il à l’AFP, “et la problématique plus fondamentale qui est la baisse forte des commandes à l’industrie française de câbles de télécommunications, au bénéfice de l’importation en provenance d’Asie, qui semble s’être poursuivie au premier semestre 2020“. La livraison des câbles à fibre optique a commencé à drastiquement baisser aux 3eme et 4eme trimestre 2019, et le “niveau reste très faible au 1er trimestre 2020” indique le syndicat dans son bilan de l’année.
Le Plan France THD, visant à couvrir intégralement le territoire en très haut débit en 2022, a entraîné une hausse des commandes auprès de la Corée du Sud et surtout de la Chine. Les entrées en douane de ces derniers ont atteint 45% de la production de câbles du Sycabel au premier semestre 2019, contre 13% en 2017 et 23% en 2018.
Une problématique qui n’est pas récente donc, mais qui s’accroît au fil des mois d’après le syndicat. En 2018 déjà, la question se posait concernant la décision d’opter pour un fabricant chinois pour s’approvisionner en fibre optique. Dans une interview pour Univers Freebox, DASAN Network, équipementier coréen expliquait que l’empire du milieu avait tendance à s’approvisionner sur le marché international et à revendre à un prix dérisoire une part de sa production dégradée. Il évoquait alors “un vrai risque qualitatif”.
Pas de pénurie de fibre optique française
Si “l’industrie est en sous-charge d’activité“, explique Jaques de Heere, vice-président du syndicat chargé des télécoms, il n’y a pas de pénurie de fibre optique française. Le Sycabel annonçant des investissements massifs dans de nouveaux équipements, la construction de six usines et avoir ” recruté ou reconverti plus de 735 personnes “. Au total, le syndicat représente plus de 8000 emplois.
L’industrie a tout de même vu son chiffre d’affaire augmenter en 2019 pour dépasser les 3 milliards d’euros, grâce notamment à l’accroissement de l’activité dans les câbles sous-marins. Le syndicat attend cependant que des mesures soient prises par l’Union Européenne pour rétablir une vraie situation concurrentielle. Le secteur compte aussi sur des commandes de la part des autres pays européens en plein déploiement de la fibre, et cette concurrence chinoise rend le futur assez incertain.