Le gendarme des télécoms s’inquiète de la montée de l’IA pour l’ouverture d’internet
Pour le régulateur des télécoms, l’Arcep, et sa présidente Laure de la Raudière, la progression de l’IA générative est une menace pour la liberté de choix dans l’accès aux contenus en ligne.
De plus en plus d’intelligences artificielles sont mises en place par des géants du numérique ou autre, comme Moshi de Kyutai ou bien sûr ChatGPT et pour la présidente de l’Arcep, la liberté d’accès aux contenus d’internet s’en retrouve menacée.
Laure de la Raudière et l’Arcep s’inquiètent
Dans une tribune publiée dans le Monde, Laure de la Raudière commence sa diatribe par un exemple :
Imaginez : comme chaque jour, vous vous rendez chez votre kiosquier pour acheter Le Monde. Plein d’enthousiasme, il vous annonce ce matin : « Je vais vous simplifier les choses, j’ai lu Le Monde, d’ailleurs j’ai lu toute la presse dans la nuit, j’ai même avalé toute l’actualité internationale ! Je vais vous faire un résumé de ce que j’ai retenu en quelques minutes. » Et ce kiosquier vous égrène une somme d’actualités dont il imagine qu’elles peuvent vous intéresser. Comment a-t-il choisi ces informations parmi tout ce qu’il a lu ? Sait-il reconnaître des fausses informations ? Quels sont ses biais idéologiques ? Et, finalement, quelle confiance pouvez-vous accorder à ce résumé ?
Laure de la Raudière – Présidente de l’Arcep
Outre les enjeux de respect du droit d’auteur et de lutte contre la désinformation, auxquels il est bien évidemment essentiel d’apporter des réponses, les IA génératives, en devenant de nouveaux intermédiaires et de nouveaux médiateurs de l’information, pourraient devenir la porte d’entrée de notre accès à Internet et aux services numériques, alors que certains envisagent même qu’elles ne remplacent les moteurs de recherche s’inquiète-t-elle. En effet, avec une mise en place aussi importante, L’IA générative est susceptible d’accentuer les risques d’enfermement et de « bulles algorithmiques » du fait d’une perte de contrôle de l’utilisateur sur ses choix en ligne, devant se remettre à un nouvel intermédiaire. Laure de la Raudière craint que l’accès aux contenus en ligne soit limité et soumis à ces biais.
Des pistes de réflexion
Afin d’éviter ces problèmes, l’Arcep a adressé à la Commission européenne des pistes de réflexion pour conjuguer IA générative et ouverture d’internet. L’autorité pousse ainsi à développer des systèmes d’IA fiables et exempts de biais et soutenir les travaux d’évaluation et de correction développés par la recherche. L’usage de l’IA par les consommateurs devrait également être plus éclairé, avec de la formation et une transparence sur leur fonctionnement.
L’Arcep rappelle également l’importance de garantir la possibilité des utilisateurs de changer aisément d’IA, avec des standards d’interopérabilité pour les principaux générateurs de contenus. Laure de la Raudière finit sa tribune ainsi :
Si nous voulons profiter du formidable potentiel de l’IA pour la santé, la compréhension du climat, l’éducation, l’économie et la société en général, assurons-nous qu’Internet demeure un espace ouvert d’innovations et de libertés. Réclamons un « droit au paramétrage » pour que chacun puisse contrôler les services d’IA qu’il utilise, comme le propose la Commission nationale consultative des droits de l’homme.
Laure de la Raudière – Présidente de l’Arcep