Financement, prix d’Orange, raccordements difficiles… le déploiement de la fibre optique soulève de nombreuses inquiétudes
La fin du chantier de la fibre optique en France est en passe de se complexifier, les collectivités tirent la sonnette d’alarme.
La fibre pour tous en 2025, c’était l’objectif du plan France Très Haut Débit, et les débuts ont été prometteurs : 38 millions d’habitations couvertes en 10 ans, un exemple en Europe, près de 87% des foyers français éligibles, pour près de 35 milliards d’euros selon les calculs de France Stratégie. Cependant, à l’approche de l’échéance annoncée par le président de la République, des inquiétudes émergent et se font de plus en plus vives.
La complétude reste un souci puisque des inégalités persistent encore grandement selon les territoires et les zones (Très denses, moyennement denses et rurales (RIP) ). Dans les grandes villes, les déploiements sont à l’arrêt, dans les zones AMII, il redémarre très timidement tandis que les RIP continuent sur un bon rythme et ratrappent leur retard. “Depuis 2017, on tire la sonnette d’alarme sur la fin du raccordement. Les collectivités, qui sont parties bien plus tard, vont finir par griller le secteur privé en termes de complétude du réseau” pointe du doigt Ariel Turpin, président de l’Avicca qui regroupe de nombreuses collectivités impliquées dans le numérique. De plus, certains endroits sont plus complexes que d’autres à raccorder, avec par exemple plus de 440 000 cas où les infrastructures sont hors d’usage (fourreau bouché, poteau cassé…) et il faudrait débloquer 1.3 milliards d’euros pour réparer ces dommages. Une somme que personne ne veut payer. « Pour les particuliers, payer ce type de travaux qui montent jusqu’à 3 000 euros, ce n’est pas possible », indique Philippe Le Grand, président d’InfraNum et si une proposition de la Banque des territoires a été faite pour cofinancer ces travaux, le dossier est retombé dans les limbes, notamment du fait de l’opposition de certains opérateurs, dont Free, à ce projet selon la ministre du Numérique.
D’autres inquiétudes touchent les réseaux d’initiative publics : Frédéric Blanc, chargé de mission pour le RIP d’Ariège ayant investi 145 millions d’euros, s’interroge sur le financement à long terme :”un réseau télécoms, il faut pouvoir l’entretenir correctement. Or, les tarifications établies par le régulateur ont été alignées sur celles des zones denses, dont les coûts sont trois fois inférieurs. Sans recette complémentaire, on va droit dans le mur “. L’accès au génie civil est plus cher depuis le début de l’année et beaucoup se sont opposés à ce changement, étant donné qu’il faut prévoir “une augmentation de 70% l’année prochaine, 30% dans deux ans“. Sans oublier les questions résilience des réseaux contre les dégradations variées, qui coûteraient entre 7 et 17 milliards d’euros et que les opérateurs ne se sentent pas prêt à assumer. « Nous n’avons pas la même vision qu’InfraNum sur ce sujet. On pense effectivement qu’il faut améliorer la gestion des crises, comment les opérateurs interviennent sur le terrain et travaillent avec les collectivités », indique Romain Bonenfant, président de la FFT qui regroupe notamment Orange, Bouygues Telecom et SFR. « Nous ne disons pas qu’il ne faut pas adapter les réseaux dans une certaine mesure, mais on ne parle pas d’un plan à 10 milliards. »
Source : Le Figaro