Des tensions autour des malfaçons dans la fibre optique, la filière réclame que le gouvernement prenne ses responsabilités
Une fin de récréation demandée avec le ministre de la Transition numérique dans le rôle du maître d’école.
La fibre pour tous en 2025, c’est le plan sur lequel les opérateurs se sont alignés mais le pari est-il tenable ? Si Orange estime que le projet n’est pas vraiment été atteignable, le gouvernement y croit et le rythme est assez bon avec plus de 80% des Français éligibles. Cependant, il reste encore du travail et c’est le plus difficile qui s’annonce avec des locaux plus complexes à raccorder pour des sommes plus importantes. De plus, le secteur est assez divisé avec des conflits entre les opérateurs, les industriels, les collectivités, l’Arcep et le gouvernement.
Le nœud de cette discorde vient des problèmes de raccordement maintes fois dénoncés tant par le régulateur que par des industriels et des spécialistes des télécoms. Au point qu’une proposition de loi doit a été adoptée au Sénat pour lutter contre les malfaçons observées. Cependant, le texte a mis le feu aux poudres, puisque “personne n’est d’accord sur le constat” explique le sénateur Patrick Chaize à l’origine de la proposition. La position du gouvernement, de l’Arcep et des opérateurs, blâmant les quelques “réseaux atypiques”, n’est pas tenable selon lui. Si la lutte contre ces zones propices aux problèmes, des “grands incendies”, est louable, il faut également considérer la myriade de “petits” à éteindre sur l’ensemble du territoire.
Une position soutenue par Infranum, fédération des industriels de la fibre. Son président Philippe le Grand explique que « le problème, c’est qu’il n’existe pas d’indicateurs permettant d’objectiver la qualité des réseaux de fibre, insiste-t-il. Tout le monde raconte n’importe quoi. Les chiffres qui circulent sont tous faux, on ne peut pas se comprendre. ». Pour pallier cela, « il faut donner le pouvoir à l’Arcep, administration indépendante, de contrôler et de publier la qualité des raccordements, acteur par acteur ». À son sens, la loi restera inefficace même si elle est adoptée, les solutions se trouvant dans le plan qualité mis en place par la filière, même s’il avance “trop lentement“.
Le problème initial se divise en de nombreux soucis : un climat de défiance, des foyers encore à raccorder dans les grandes villes sans que les opérateurs soient tenus d’y intervenir, la couverture de villes moyennes incomplètes, Orange en conflit avec l’Arcep ou encore le financement du raccordement dans des zones rurales plus éloignées… De plus, la pérennisation du réseau est également une problématique à prendre en compte, Infranum alerte depuis quelque temps sur les problèmes de sécurité du réseau, notamment dans le cas du déploiement de l’aérien, avec des poteaux régulièrement soumis à des intempéries ou des accidents. Pour plusieurs acteurs, il faut rétablir un climat calme dans le secteur et c’est au ministre délégué en charge des télécoms de prendre les choses en main, l’appelant à prendre le rôle de “capitaine”, “animateur” ou qu’il fixe un cadre politique clair.
Source : la Tribune