Clin d’oeil : un “électrosensible” brouille plusieurs fois le réseau mobile mais aussi le WiFi des opérateurs, et se fait condamner
Pris plusieurs fois la main dans le sac ou plutôt sur des brouilleurs d’ondes, un habitant de Sarreguemines a semé la zizanie dans son quartier sans le vouloir en impactant le réseau mobile. Se considérant électrosensible, l’homme a comparu devant le Tribunal Judiciaire et s’en sort bien.
Un véritable arsenal “anti-ondes” enfin pas tout à fait… des murs d’un appartement tapissés d’aluminium et de couvertures de survie et un superbe brouilleur multibandes , non il ne s’agit pas d’un laboratoire clandestin. L’occupant des lieux n’est autre qu’un électrosensible pris dans les mailles du filet du véhicule laboratoire de l’ANFR équipé d’un radiogoniomètre.
“A la fin de l’été, nous avons reçu une plainte d’un opérateur mobile concernant une station relais installée sur la commune de Sarreguemines dans le département de la Moselle. Elle était victime d’un brouillage de ses services de communications et d’Internet mobiles sur les bandes de fréquences 800 MHz, 900 MHz, 1 800 MHz, 2 100 MHz et 2 600 MHz”, explique l’agence nationale des fréquences.
Après avoir informé le procureur de la République de Sarreguemines, des agents assermentés et habilités du Service Interrégional Est (SIR Est) de l’ANFR se sont donc rendus sur place pour mener leur enquête… Premier constat, toutes les bandes de téléphonie mobile utilisées par ce relais pour la 2G, la 3G et la 4G étaient affectées. Mais le brouillage allait même au-delà : le GPS ainsi que le Wifi dans la bande 2, 4 GHz n’étaient pas non plus indemnes.
Pas de doute possible, un brouilleur d’ondes, équipement interdit au public, sévissait dans les environs. Les agents ont très rapidement visualisé le niveau d’émission du signal perturbateur dans un immeuble de plusieurs étages.
Une fois l’appartement ciblé, l’équipe a demandé l’assistance du commissariat de police de la ville. L’occupant des lieux, un homme se revendiquant être “électrosensible” leur a alors présenté spontanément un brouilleur multibandes à l’origine de perturbations dans tout le quartier.
“Informé du caractère illégal de la possession d’un tel équipement, il ne se confondit pourtant pas en excuses. En effet, il expliqua aux forces de l’ordre qu’il se considérait comme électro hypersensible. C’était la raison pour laquelle il avait équipé tout son appartement de tapisseries métalliques, dans l’espoir d’en faire une cage de Faraday. Quant au brouilleur, il l’utilisait, selon lui, à des fins thérapeutiques”, rapporte l’ANFR.
L’homme aurait constaté que ses symptômes disparaissent chaque fois qu’il s’installait à côté de son brouilleur allumé, “d’ailleurs, il estimait dormir beaucoup mieux dans sa proximité immédiate. Un comble, quand on sait qu’un brouilleur émet lui-même des ondes”.
Dans cet appartement, les effets du brouilleur étaient même amplifiés, les murs tapissés d’aluminium favorisait des échos multiples et entravait la sortie des ondes. “Mais la cage de Faraday était imparfaite et le brouilleur suffisamment puissant, puisqu’il agissait tout de même sur l’antenne relais situé à plusieurs centaines de mètres”, analyse l’agence des fréquences.
Tout aurait pu s’arrêter là, seulement quatre jours plus tard, l’ANFR a été mise au courant de la reprise du brouillage sur cette même antenne, mais cette fois-ci de manière intermittente, et de nuit. “De nouveau, un officier de police judiciaire et un gardien de la paix se rendent au domicile du même individu qui leur ouvre volontiers et leur désigne, de nouveau spontanément, son bouilleur multibande”.
Après plusieurs récidives, la police de Sarreguemines décide de lancer une enquête préliminaire. Quatre mois plus tard lors d’une perquisition au cours, deux autres brouilleurs multibandes ont été trouvés dans l’appartement. Cette fois-ci, le brouilleur testé affectait aussi, en plus des autres services, la technologie 5G dans la bande de fréquences 3,5 GHz – qui jusque-là n’avait pas été impactée.
Neuf mois après le premier incident, le récidiviste a comparu devant le tribunal judiciaire de Sarreguemines pour les faits de détention et d’utilisation illégale de brouilleur d’ondes. L’ANFR y a été entendue en tant que témoin et a pu apporter des explications sur les risques posés par les brouilleurs d’ondes. Jugé coupable des faits qui lui sont reprochés, l’homme s’en sort bien et évite une peine pouvant aller jusqu’à six mois de prison et 30.000 euros d’amende. Le procureur de la République a demandé la simple confiscation de ses quatre brouilleurs, ainsi que le paiement du droit fixe de procédure car il n’a noté aucune «intention de perturber l’ordre public ou de commettre un acte de délinquance ».