Xavier Niel revient, à l’aube de 2020, sur l’avancée du numérique dans le monde
Le fondateur de Free s’est exprimé dans les pages de Paris Match pour faire un bilan de l’avancée du numérique et de ses usages, en attendant 2020.
Xavier Niel a toujours été en faveur du déploiement du numérique sans pour autant nier les problèmes qu’il apporte en prenant de plus en plus de place dans le monde. Il a ainsi eu l’occasion de revenir sur les avancées permises durant ces dernières années et sur l’évolution du monde, à l’aube de 2020.
“Il y a vingt ans, en poussant la porte de Google, on se retrouvait face à dix mômes hilares entassés dans un bureau […] Il était impossible de prédire qu’avec leurs copains “startupers” d’Amazon, Facebook, Apple et Microsoft, à l’aube de 2020, ils domineraient le monde et son économie.” commence le fondateur de Free, plantant le décor. Il est vrai que ces géants ont explosé au point d’avoir dorénavant leur propre nom. Pour Xavier Niel, la clé de cette révolution vient de l’arrivée du smartphone en 2007, qu’il considère comme étant “à l’homme du XXIe siècle ce que le silex fut à Cro-Magnon“.
“Aux quatre coins du monde, des générations entières que l’on n’imaginait pas un jour voir toucher au numérique, de tout genre, de tout milieu, de toute religion, ont été converties.” continue-t-il sur sa lancée. Il détaille également plusieurs exemples de l’évolution du numérique : la circulation de l’information en temps réel, l’apparition des réseaux sociaux pour les commenter. Il met également en avant les apports du numérique en matière de sécurité, avec la collecte des données et la reconnaissance faciale, sans pour autant nier que cela apporte des problèmes. “Nous gagnons en confort et en sécurité, nous abandonnons au passage un peu de notre vie privée, et paradoxalement quelque chose de l’ordre du partage.” explique-t-il.
Pour Xavier Niel, le numérique reste un domaine où l’expression de sa pensée et de sa créativité est rendue plus facile. ” J’aime que, par ce biais, des talents qui il y a dix ans n’avaient aucune chance d’émerger puissent se révéler. […] Dans cette réalité plus ou moins virtuelle, les fractures sociales apparaissent criantes. Et des mouvements revendicatifs trouvent une chambre d’écho inédite.“, développe-t-il en citant en exemple les printemps arabes ou le mouvement des gilets jaunes. Il explique également que le numérique a permis que “les partis traditionnels éclatent“, permettant à des hommes “sortant de nulle part” de se hisser au pouvoir. Il nuance son propos cependant en indiquant que “certains sont mêmes de dangereux populistes. Mais nous sommes en 2020 et pas en “1984” ; ce n’est pas à Orwell mais à nous d’écrire l’histoire“.
Il termine sa tribune en revenant sur la lutte de la “vieille Europe des lumières” pour réguler “un ogre numérique grandi trop vite, capable de générer le meilleur, amis aussi le pire que nous restons libres de refuser“. Il y évoque ainsi son aversion pour le concept de maison connectée. “Je déteste l’idée. Dans la pénombre ambiante de l’époque, quand je rentre chez moi, j’éprouve encore du plaisir à activer de vieux interrupteurs que je ne renonce pas à continuer d’installer.”. Et conclut simplement avec une prédiction “Je me souviens alors des gens d’antan qui ne payaient qu’en espèces afin que l’on ne sache pas ce qu’ils dépensaient. Cela paraît dérisoire quand on sait que la monnaie sera complètement dématérialisée dans les dix années à venir !“