La loi anti-Huawei n’empêche pas Bouygues Telecom d’équiper les députés de routeurs du géant chinois

La loi anti-Huawei n’empêche pas Bouygues Telecom d’équiper les députés de routeurs du géant chinois

Interdit sur de nombreux sites jugés sensibles, Huawei et certains de ses équipements entrent aujourd’hui dans la permanence des députés. Leur fournisseur officiel, Bouygues Telecom, leur fournit actuellement des routeurs de la firme de Shenzhen.

A l’heure où Huawei fait l’objet d’une certaine méfiance en France et ailleurs dans le monde vis-à-vis de ses équipements réseau, des députés ont reçu des routeurs du géant chinois pour équiper leur permanence. C’est le cas d’Eric Bothorel, député Renaissance des Côtes d’Armor, très investit dans le numérique. Dans un tweet supprimé depuis, ce dernier s’est étonné de cette livraison. Contacté par BFMTV, l’homme politique a réagi : “j’avoue que j’ai été assez surpris de découvrir ce matériel dans mon carton. On pourrait en rire, mais on risque aussi d’en pleurer”.

Ces routeurs ont à première vue été envoyés par Bouygues Telecom, l’opérateur a remporté l’appel d’offre de l’Assemblée nationale début 2022 pour équiper les députés, en smartphones et en box internet. Pourtant depuis plusieurs années,  les soupçons d’espionnage au profit de Pékin, relayés par le gouvernement américain sous Donald Trump, pèse sur Huawei.

Depuis 2019, la question de l’utilisation des équipements du fabricant secoue le monde des télécoms. Conséquence de ces accusations, l’utilisation d’équipements Huawei dans le déploiement des réseaux mobiles est désormais rigoureusement contrôlée en France. Ainsi, seuls Bouygues Télécom et SFR sont encore autorisés à en utiliser par l’Anssi, puisque la majorité de leur réseau 4G en est déjà équipé et qu’Orange et Free ont choisi d’autres partenaires européens, lesquels sont privilégiés aujourd’hui par l’autorité nationale en matière de sécurité et de défense des systèmes d’information

Cependant, l’utilisation  de ces antennes est réglementée : certaines zones sont tout simplement proscrites pour des raisons de sécurité. De plus, les deux opérateurs sont contraints par le gouvernement à désinstaller plusieurs milliers d’antennes dans certaines zones d’ici 7 ans.

Malgré la contestation de Bouygues Telecom et SFR, le Conseil constitutionnel a validé il y a trois ans une loi empêchant l’installation d’antennes Huawei. L’institution a jugé “qu’en adoptant les dispositions contestées, le législateur a entendu, dans le but de préserver les intérêts de la défense et de la sécurité nationale, prémunir les réseaux radioélectriques mobiles des risques d’espionnage, de piratage et de sabotage qui peuvent résulter des nouvelles fonctionnalités offertes par la cinquième génération de communication mobile ».

Bien décidé à obtenir réparation, Bouygues Telecom a martelé en juillet 2021 que le gouvernement doit assumer avoir changé les règles du jeu et devra mettre la main au portefeuille. Après avoir dressé un bilan exact du coût des travaux, l’opérateur a prévu de réclamer 1 milliard d’euros de dommages et intérêts à l’Etat tout en demandant à la justice le remboursement du préjudice que vont subir ses abonnés.

 

 

Cet article a été repris sur le site Univers FreeBox