Fibre optique : de nouvelles règles pour un raccordement plus simple
La ministre de la Transition écologique et le secrétaire d’Etat à la transition numérique ont pris par arrêté une nouvelle mesure visant à faciliter le déploiement de la fibre optique via les poteaux électriques.
Mutualiser et accélérer le déploiement en passant par les poteaux d’Enedis. Dans un arrêté du 24 décembre 2021, le gouvernement instaure de nouvelles règles visant à « faciliter la mutualisation avec les poteaux d’Enedis, en exonérant de calcul de charge pour les pylônes du réseau électrique basse tension n’accueillant pas [déjà] de desserte optique », conformément aux annonces de Cédric O, secrétaire d’Etat chargé de la transition numérique et des communications électroniques, en octobre dernier.
La fin des poteaux en doublons
Les opérateurs déployant la fibre auront en effet un accès considérablement simplifié aux ouvrages basse tension du réseau Enedis pour raccorder les abonnés, en sautant une étape assez contraignante visant à calculer le poids représenté par le réseau fibre sur ces infrastructures. En somme, face à un calcul de charge obligatoire jugé trop élevé, les opérateurs devaient auparavant déployer un tout nouveau poteau au lieu d’installer leur câble sur une installation d’Enedis pré-existante. Or, comme l’explique Mireille Bonnin, conseillère technique au département numérique de la Fédération nationale des collectivité concédantes et régies (FNCCR), l’étape s’avérait “assez lourde pour des petits câbles optiques qui ne sont pas de nature à rendre obligatoires des études de calcul de charge pour ces poteaux“.
Une étape contraignante qui, pour Ariel Turpin, délégué général à l’Avicca, représentait “un travail et un coût délirants qui auraient fait que personne n’aurait voulu raccorder les particuliers avec les poteaux Enedis.” Sans compter que du côté des non-professionnels du milieu, il était “ incompréhensible pour les particuliers ou les maires de voir l’opérateur rajouter un poteau juste pour raccorder les particuliers. C’est cela que l’arrêté vient de faire sauter. Cela met fin à une absurdité et vient aussi mettre un terme à des pratiques illégales.” Il argue également qu’en mettant fin aux poteaux en doublon, tous les secteurs concernés réalisent “une économie de plusieurs centaines de millions d’euros“. Et puisque la décision financière et logistique d’installer le réseau fibre sur un poteau d’Enedis revient à l’opérateur, les études de calcul autrefois nécessaires auraient représenté “plus d’un milliard d’euros de dépense à l’échelle nationale“.
Une solution avec quelques limites
Si la plupart des câbles pourront ainsi être posés sans problèmes, certaines exceptions demeurent, explique Mireille Bonnin : “Il y a des simplifications et des cas d’exemptions de calcul de charge pour le raccordement mais il y a des exceptions. Il y aura certains cas de figure où l’opérateur sera obligé de procéder à des calculs de charge et ces derniers seront cités dans la mise à jour de la Convention d’appuis communs. Pour quelques câbles de raccordements il n’y en aura pas besoin mais s’il y en a un peu plus, c’est un peu moins vrai.” Le texte prévoit en effet que seuls les poteaux destinés à accueillir plusieurs câbles optiques seront désormais soumis à un calcul de charge.
De même, tout n’est pas réglé pour le déploiement aérien, comme le rappelle Ariel Turpin. Deux types de poteaux peuvent en effet être utilisés comme supports aériens pour la fibre : les appuis énergie et les poteaux téléphonique, et l’arrêté traite uniquement des poteaux d’Enedis “et concerne uniquement la partie du raccordement que l’on appelle D3, qui correspond au raccordement entre les boîtiers et le client“.
La mesure reste cependant saluée par les acteurs du secteur, qui l’attendaient. L’Avicca y voit une « bonne nouvelle pour les collectivités, les opérateurs et surtout pour les particuliers », tandis que la FNCCR espère voire des branchements « se faire plus rapidement et efficacement chez les particuliers. » Un impact positif est attendu quant au rythme de déploiement, puisque « cette décision met au même niveau les particuliers quelle que soit la nature ou l’endroit où est positionné son point de branchement optique. » explique le délégué général. Cependant, pas de miracle quant à la qualité des raccordements pour Ariel Turpin: « ça reste une purge, c’est même de pire en pire, confie le délégué de l’Avicca. Les opérateurs (qui font appel à des sous-traitants) feront un aussi mauvais boulot sur les aériens Enedis qu’en support aérien téléphonique ou en souterrain. »
Source : Maire Info