Orange compare ses offres à la Freebox Delta et assume sa stratégie du “rien compris”
En marge de la présentation des nouvelles innovations d’Orange hier lors de son Show Hello, le PDG de l’opérateur historique est revenu sur la Freebox Delta. S’il respecte le pari de Xavier Niel d’une box clés en main, sa vision est toute autre.
Deux philosophies différentes. « Je pense que c’est une belle box, beau design, belles fonctionnalités, je pense que c’est un pari car elle n’est pas donnée, Xavier Niel ajustera, ils sont bons et ils sont intelligents et je ne suis pas ici pour les dénigrer du tout » a commenté, bon joueur, Stéphane Richard lors d’une interview accordée hier à 01 Net.
En présentant ses nouveautés et innovations lors de sa Keynote, comme Djingo, un partenariat avec Amazon (Alexa) ou encore ses services "Maison Connectée" et "Protégée", le patron de l’opérateur le constate, Orange « a pris un parti différent qui a été plutôt d’enrichir la box actuelle qui un grand potentiel d’enrichissement parce que en effet la plupart des services que Xavier Niel a annoncé la semaine dernière sont déjà disponibles chez Orange, c’est que j’ai voulu rappeler de façon un peu taquine tout à l’heure, mais pour nous c’est à la demande ». En effet, tel un retour de bâton à destination de Xavier Niel, Stéphane Richard y est allé de quelques piques avant de monter sur scène, rappelant notamment que les services OCS, Netflix et Canal en Dolby Atmos et UHD faisaient partie intégrante de ses offres depuis longtemps et d’ajouter que « l’on n’a pas besoin de nouvelles box pour ça ».
Orange ne croît pas au tout-en-un
Au-delà de ce tacle, de bonne guerre, Orange assure ne pas être dans la comparaison avec Free. Cependant, force est de constater que les deux opérateurs prennent aujourd’hui deux chemins différents. Quand l’un met l’accent sur le tout-en-un, l’autre prône la démultiplication, à l’inverse du tout compris.
Plus concrètement, l’opérateur historique ne propose pas de package global comme son rival et laisse le choix à ses abonnés, mais cela a un coût. A titre d’exemple, si l’abonnement basique de Netflix (7,99€) et le système de son Devialet ou encore TV by Canal sont inclus dans le Player de la Freebox Delta (480€), Orange donne la possibilité de souscrire à Netflix en supplément de l’abonnement Livebox soit 13,99 €/mois pour la formule UHD. Idem pour le bouquet à Famille by Canal (12,99€/mois hors promotion), qui n’est autre qu’une version allégée de TV by Canal avec toutes les chaînes sports en moins. Côté son, Free ne donne pas le choix en intégrant directement dans le Player de la Freebox Delta, des hauts-parleurs Devialet dédiés. Orange fait quant à lui le choix de proposer une barre de son Cabasse à 599€ hors abonnement ou en promotion à 249€ en promotion avec abonnement.
Mais le jeu des différences ne s’arrête pas là pour le PDG d’Orange : « j’ai le sentiment que dans un foyer lambda, tout ne se passe pas dans le salon sous la TV », observe t-il, allusion faite à la Delta, avant de prendre l’exemple du smart speaker, soit l’enceinte connectée d’Orange présentée hier matin : « quand on regarde où les gens le mettent, c’est dans la cuisine car le premier usage, c’est écouter les infos, la météo et les recettes de cuisine donc si vous avez comme Free, un smart speaker qui est dans une box devant la TV, ce n’est pas quelque chose que vous pouvez faire ». Autrement dit, Orange ne croit pas au tout-en-un en matière d’usages. L’agrume a opté au contraire pour « la démultiplication, c’est ce que l’on fait avec Maison connectée et Maison protégée», indique t-il.
Si le service "Maison connectée" sera gratuit et permettra de contrôler à distance les équipements et objets connectés via une simple mise à jour, la seconde nouveauté "Maison protégée", nécessitera un abonnement supplémentaire. Cette offre de télésurveillance qui va être lancée au printemps prochain, se place sur la même ligne que Free et son pack sécurité, à la différence que le service proposé par Orange "est nettement meilleur en terme de fonctionnalité, de disponibilité, de capacité d’intervention et nous", promet Stéphane Richardavant de souligner "s’être adossé sur des professionnels pour le faire en créant une société commune avec Groupama, c’est un investissement industriel et pas juste la distribution d’un service ».
Le 10 gbits/s ne répond pas aux besoins
Interrogé également sur la fibre optique et le pari sur l’avenir de Free avec le 10Gbits/s, Orange reste sceptique, il ne pense pas que «cela réponde à un besoin, ni même à des usages identifiés, à vue humaine, en tout cas certainement pas dans les horizons de développement d’une box». S’agissant de la stratégie de Free consistant à repositionner la box au centre de la maison et des usages, la conviction d’Orange est fondée, le marché des box est "sur sa fin" avec entre autre l’arrivée du "edge computing".
Orange préfère les routeurs 4G aux technologies hybrides d’agrégation
Au sujet des box hybrides et de la technologie d’agrégation xDSL/4G intégrée dans la Freebox Delta, Stéphane Richard n’en démord et privilégie ses "400 000 routeurs 4G sur son réseau : «Quand vous avez un mauvais ADSL, c’est-à-dire que vous avez 2 mégabits maximum de débit, ensuite additionnez cela avec un débit 4G par hypothèse bon qui est plutôt dans les 30 ou 40 Mbits/s, par rapport à avoir un routeur 4G seul, franchement, je ne vois pas ce que cela change ».
Les grilles tarifaires ne sont enfin pas en reste puisqu’en dégainant ses nouvelles box, Free a changé radicalement de modèle en proposant désormais cinq modèles de Freebox, une stratégie diamétralement opposée à celle d’Orange qui a opté cette année pour une simplification drastique de ses abonnements.