23/11
Le retrait des cabines téléphoniques bloqué par les “zones blanches”
Elles sont encore près de 75 500 à s’éparpiller sur tout le territoire, pourtant leur utilisation fond comme neige au soleil. En moyenne, 3 minutes par jour et par cabine, le plus souvent en cas de panne de batterie ou d’oubli du téléphone portable. Cette année, 25 000 cabines téléphoniques devraient encore disparaître de la surface de l’hexagone.
Même la secrétaire d’Etat au Numerique, Axelle Lemaire a estimé il y a quelques jours, que les cabines téléphoniques "ont vécu" et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elles ont mal vieillies.
Parmi les cabines téléphoniques encore existantes certaines ne dépendent que de la volonté d’Orange qui en a bien profité, mais qui désormais les exploite à perte. "Les cabines téléphoniques, étaient un peu la gloire de France Télécom", désormais Orange cherche à les supprimer. Depuis le mois d’avril, les cartes téléphoniques, fierté des collectionneurs, ne sont plus commercialisées. D’ici le 31 décembre 2015, les cabines exploitées par Orange auront totalement disparu.
A cette date, il n’en restera que 46 000 correspondant à l’obligation de service universel imposant 2 cabines téléphoniques dans les communes de plus de 1000 habitants. Selon Orange, 95 % du parc de ces cabines est "obsolète et inutilisé". Leur maintien représente 12 millions d’euros de pertes nettes par an pour Orange.
S’il bénéficie d’une compensation au titre du service universel, dont l’exploitation des cabines téléphoniques fait partie, cette dernière est payée par une petite partie du chiffre d’affaires des opérateurs et par extension par les abonnés qui ne les utilisent plus. Cette année, l’ARCEP a réclamé par exemple 1,2 million d’euros à Free de contribution provisoire au fonds du service universel.
Depuis le mois de février, le contrat qui liait Orange à l’État concernant leur exploitation et leur entretien a expiré. En théorie, l’Etat aurait du lancé un nouvel appel d’offres, mais aucun candidat n’a l’air franchement emballé et Orange ne veut plus s’acquitter de cette tâche.
Si Orange pourrait être contraint de reprendre le contrat pour 3 ans, l’Etat ne semble pas se battre pour maintenir ce service. La décision de toutes les retirer ne dépend pourtant que de lui.
Seul problème : les zones blanches. Selon le rapport Camani-Verdier et le Commissariat Général à l’égalité des territoires, 175 communes ont été recensées sans services mobiles.
Pour Axelle Lemaire, secrétaire d’Etat au Numérique, il n’est pas question d’enlever les cabines téléphoniques avant d’avoir élargi cette couverture mobile dans ces zones blanches.
Pour Pierre Camani à l’origine de ce rapport, "les opérateurs sont taxés sur la publiphonie, un service obsolète. Demain s’ils investissent ces sommes dans le mobile, c’est gagnant-gagnant."
Pour Jean-Pierre Quignaux, conseiller innovation de l’Assemblée des départements de France, tout a été fait à l’envers : "en Allemagne quand ils ont vendu les licences 4G, ils ont demandés aux opérateurs de couvrir les zones rurales et après les zones denses. Nous, on a fait l’inverse."
D’autres ont envisage une reconversion de ces cabines : y stocker des défibrillateurs comme en Ecosse, les transformer en boite d’échange de livres, les transformer en station de rechargement de portables comme à Londres avec ses célèbres cabines rouges désormais vertes, Orange a également essayé de les transformer en borne Internet.
L’avenir de ces cabines téléphoniques est plus que jamais en question mais pourrait constituer un levier de chantages pour l’Etat qui pourrait autoriser leur retrait en échange d’engagement forts autour de ces zones blanches.
Et vous ? C’est quand la dernière fois que vous avez utilisé une cabine téléphonique ?
Source : Les Echos