France Télécom opérateur de télé ?
C’est en tout cas ce qui ressort des projections faites par le magazine Capital de ce mois : « Pris de court par le succès de la téléphonie sur internet, l’opérateur historique tente de trouver de nouveaux métiers. Comme celui d’opérateur télé… Un pari risqué mais jouable. »
France télécom souhaite en effet, au delà des services associés à la livebox, proposer des contenus audiovisuels sur tous ses supports (TV par ADSL, Internet, Téléphonie mobile), ce qui est un nouveau métier pour l’opérateur historique. « Transporter des images et du son est une chose, en négocier les droits en est une autre. » FT à déjà commencer sa mutation en recrutant des pros du secteur de l’audiovisuel débauchés de chez Warner ou Canal+ : « En tout, une cinquantaine de personnes travaillent déjà avec les studios de cinéma, les maisons de disques ou les organisateurs d’événement sportifs ». France télécom compte générer 400 millions de chiffre d’affaire sur les téléchargements de programmes exclusifs qu’il propose (comme les matches de Roland Garros à 1€ en VOD ou le dernier tube de Madonna à 2€ sur les mobiles). Et il ne regarde pas à la dépense : 58 millions d’euros ont déjà été englouti pour s’offrir l’exclusivité du championnat de France sur mobile pour 2 saisons.
Au siège de Canal+ et TF1, on commencerait même à s’inquiéter, car malgré sa dette colossale de 44 milliard d’euros, France Télécom dispose d’un cash flow de 7 milliards d’euros. « Une puissance de feu sans équivalant dans la paysage audiovisuel français. En comparaison, Canal+ n’a déboursé que 1,8 milliard pour remporter les droits de la ligue 1. »
Les inquiétudes des groupes audiovisuels existants sont donc fondées, et le fait que l’opérateur historique vienne de créer sa propre chaîne de télévision 24/24 Vidéo (présentation de bandes annonces de cinéma et d’emissions autour du cinéma) ne fait qu’accentuer ces craintes.
La stratégie de FT est donc l’inverse de celle de Free, qui lui, a toujours annoncé qu’il ne se lancerait pas dans l’édition de contenu et se contenterait d’être simple diffuseur. Il préfère en effet signer des accords avec les groupes audiovisuels, le meilleur exemple en est Canaplay. L’avantage de cette stratégie est de ne pas marcher sur les plates bande des opérateurs de télévision et donc de ne pas se froisser avec eux. Free est ainsi plus considéré par ces derniers comme un partenaire que comme un concurrent.
Le risque pour FT est de voir les éditeurs de chaînes actuels déserter son offre audiovisuelle, il lui faut donc agir avec prudence.
On saura dans quelques années laquelle des 2 stratégies aura été la meilleure, mais on peut déjà constater que sur les contenus de VOD, celle de Free prend largement l’avantage, d’autant plus le groupe Canal + vient de retirer ses films de l’offre de Vidéo à la demande de Ma ligne TV. Une première réplique contre France Télécom ?
Source : Capital n°174, mars 2006, Univers Freebox